10 jours dans le Kansaï, partie 1 : Osaka et le mont Koya

Bonjour à toutes et tous ! J’espère que vous allez bien. Ah…J’adore le mois de février ! Déjà, c’est le mois de mon anniversaire. Et puis il est rigolo ! Avec son nombre de jours réduit, il passe vite ! Mais surtout, il annonce le printemps et les beaux jours malgré le froid.

C’est ce mois qu’a choisi ma petite sœur pour me rendre visite au Japon. Pour l’occasion, nous avons passé 10 jours dans le Kansai, équipés de nos plus belles casquettes de touristes. Mais rassurez vous, je vous invite quand même à découvrir quelques bons plans hors des sentiers battus pour profiter à fond des villes iconiques de la région. 

Osaka : Street Food et vie nocturne 

Le garde-manger de la nation

Pour cette première étape, direction la ville électrique d’Osaka. Située sur l’île de Honshū, elle est la troisième plus grande ville du pays et un centre économique majeur. Elle est un carrefour commercial depuis des siècles, bénéficiant d’un réseau de transport dense reliant Kyoto, Kobe et Tokyo.

Cette métropole tentaculaire est particulièrement célèbre pour sa cuisine de rue. Souvent qualifiée de « cuisine du Japon », on y déguste avec plaisir la meilleure malbouffe du pays. Ou comme les japonais le disent si bien : la soul food d’Osaka.
Les deux principaux coupables à l’origine de cette réputation ne sont autres que les Takoyakis et les Okonomiyakis, qu’on peut déguster à tous les coins de rue pour peu que la machine soit chaude. 
L’okonomiyaki est différente de celle d’Hiroshima du fait qu’elle ne contient pas de nouilles. Quant au Takoyakis, il s’agit de boules de pâte grillée qui enrobe un morceau de poulpe (tako signifie poulpe en japonais, et Yaki, grillé).

La vie nocturne la plus célèbre du pays

Même si on peut déguster ces mets de choix à tout moment de la journée, c’est la nuit que la ville dégage sa meilleure énergie. On parcourt alors ses rues d’échoppes en échoppe, en admirant les façades des restaurants qui redoublent d’inventivité pour attirer le chaland. C’est la surenchère permanente et c’est un régal pour les yeux !

Le plus difficile est bien sûr de ne pas s’arrêter à chaque magasin pour manger. J’ai par contre adoré m’imprégner de l’ambiance à travers les vitres des échoppes, où on voit souvent le chef préparer ses plats.

Les quartiers incontournables sont ceux de Namba et sa célèbre rue Dotonbori. On peut y observer les énormes publicités lumineuses le long du canal, notamment la plus célèbre : le Glico man.

Le Glico Man est l’un des symboles les plus emblématiques d’Osaka. Ce grand panneau publicitaire lumineux, situé dans le quartier animé de Dotonbori, représente un coureur en pleine victoire sur une piste bleu et blanc, avec les bras levés en signe de triomphe.

Installé pour la première fois en 1935 par la société Ezaki Glico, célèbre pour ses confiseries, il a été rénové plusieurs fois tout en gardant son design iconique. Aujourd’hui, il est un point de repère incontournable où touristes et locaux prennent des photos en imitant sa pose victorieuse. La nuit, avec les reflets des néons sur le canal, il participe à l’ambiance électrisante du quartier.

Mon quartier préféré reste cependant celui de Shinsekai. Bien que connu et plus petit, il est un peu moins encombré par les touristes. Ses rues, surplombées par la tour Tsūtenkaku, permettent de profiter d’une belle ambiance, et leurs façades hyperboliques, offrent un spectacle très amusant.

Les japonais s’y pressent dans des Izakayas. Dans ces petits restaurants locaux, le nombre de couverts est souvent restreint, mais on peut profiter d’une belle chaleur humaine.

Pour profiter des lumières d’Osaka, une des attractions touristiques les plus populaires est de grimper en haut de l’Umeda Sky building. Ce gratte-ciel iconique, listé parmi les bâtiments les plus prestigieux du monde, comporte un rooftop en son sommet.
Bien qu’accessible toute la journée, c’est la nuit que je recommande cette visite. On peut de cette façon profiter d’une vue superbe à 360 degrés sur la skyline. 

Un peu de culture quand même

On entend souvent dire qu’Osaka est une ville qui doit se visiter rapidement, car à part ses ruelles nocturnes, il n’y a rien à y voir. C’est bien entendu faux ! Même sans trop chercher dans les recoins, il existe de nombreux lieux qu’on peut visiter en pleine journée pour faire le plein de culture.
La ville comporte par exemple de nombreux temples dont certains sont vraiment majestueux, comme la zone de Shi Tennō-ji et sa pagode à cinq étages.

Impossible de ne pas mentionner le célèbre château d’Osaka, qui surplombe un parc agréable pour se balader tout en profitant de la vue sur l’édifice. Ce parc comporte notamment une partie dédiée aux pruniers, qui fleurissent dès le mois de février. Moins célèbres que les cerisiers, les japonais les apprécient cependant particulièrement. Au moment de ma visite, il était encore un peu tôt pour apprécier la pleine floraison, mais certains bourgeons avaient déjà éclos.

La ville offre également de nombreux musées à visiter. Pour ma part, j’ai choisi le musée d’art Nakanoshima et l’exposition du moment dédiée à Utagawa Kuniyoshi. Une très belle expo que je recommande sans hésiter si elle passe près de chez vous.

De manière générale, j’ai beaucoup aimé l’ambiance d’Osaka. La ville est certes plus bruyante, plus sale, mais aussi plus énergique et plus chaleureuse que les villes que j’ai visitées jusque-là. Les habitants sont aussi plus ouverts, plus directs. Cette attitude, ainsi que le dialecte propre à la ville, le Kansai-ben, sont d’ailleurs célèbres dans tout le pays. 

Déroule pour une mini-leçon de Kansai-ben

Le Kansai-ben est le dialecte parlé dans la région du Kansai, notamment à Osaka, Kyoto et Kobe. Il se distingue du japonais standard par son intonation, son vocabulaire et ses expressions uniques. Voici une petite leçon pour débutants !

1. Salutations de base
こんにちは (Konnichiwa) → まいど!(Maido!) → « Bonjour ! » (très utilisé à Osaka, surtout par les commerçants)
ありがとう (Arigatō) → おおきに!(Ōkini!) → « Merci ! »
さようなら (Sayōnara) → ほな、また!(Hona, mata!) → « À plus tard ! »

2. Transformations des verbes
Dans le Kansai-ben, certains verbes changent :
~ない (-nai) → ~へん (-hen) (forme négative)
食べない (Tabenai) → 食べへん (Tabehen) → « Je ne mange pas. »
知らない (Shiranai) → 知らん (Shiran) → « Je ne sais pas. »

3. Expressions et interjections populaires
めっちゃ (Meccha) → « Très / Beaucoup » (équivalent de « Sugoku » en japonais standard)
めっちゃうまい!(Meccha umai!) → « C’est trop bon ! »
なんでやねん!(Nandeyanen!) → « Mais qu’est-ce que tu racontes ?! » (Expression typique des comiques d’Osaka)
あかん!(Akan!) → « Ça ne va pas ! » / « C’est interdit ! »

Koyasan : plongée dans un Japon mystique

Si vous êtes de passage dans le Kansai et que votre emploi du temps le permet, je vous invite grandement à vous rendre à Koyasan. La ville est accessible depuis Osaka en transports, via un train, un téléphérique puis un bus. C’est une petite expédition, mais qui en vaut totalement les efforts. En effet, la rupture est totale avec l’ambiance électrisante d’Osaka. 
Situé dans la préfecture de Wakayama, Koyasan est un site sacré du bouddhisme japonais, perché à environ 800 mètres d’altitude au sommet du mont Koya. Le moine Kūkai (aussi appelé Kōbō Daishi) a fondée la ville au IXe siècle.

Pour s’immerger totalement dans l’ambiance de la ville, je vous recommande de passer la nuit dans un des nombreux temples qui offrent ce service, nommées shukubō. Loin d’une attraction touristique superficielle, j’ai été complètement immergé dans le rythme des moines bouddhistes.
À 17h, il est possible de méditer avec le groupe de moines. Cela dure presque une heure, et c’était la première fois que je me livrais à cet exercice aussi longtemps. J’y ai mangé des repas préparés selon les préceptes bouddhistes, qu’on appelle Shojin Ryori. Le repas est végétarien, et les saveurs fortes sont évitées (ail, oignon). Les ingrédients doivent être de saison. La nourriture doit également être colorée et présenter les cinq goûts : sucré, acide, salé, amer et umami.
À 6h du matin, j’ai eu la chance d’assister à une séance de chants, puis de brûler de l’encens lors de la cérémonie.

En-dehors du temple, mon séjour à Koyasan aura été marquée par de belles chutes de neige. La ville et ses nombreux temples en bois étaient recouverts d’une magnifique couverture blanche, ce qui renforçait encore plus l’atmosphère solennelle et sereine des lieux.

L’apogée de la balade est sans doute Okunoin, le chemin dans le cimetière menant au mausolée du moine Kūkai. Il est dit que le moine n’est pas vraiment mort, mais est plutôt entré en transe méditative depuis plus de 1200 ans.
La forêt de cèdres du japon, à la taille impressionnante et aux troncs rectilignes dégage une beauté majestueuse. L’allée principale, bordée de tombes seigneuriales enneigées, dont certaines tombent en ruine, nous transporte dans l’histoire féodale.
La marche est longue d’environ 2km, et le soleil qui filtre parfois dans les feuillages habille le chemin d’une atmosphère émouvante : la grandeur des lieux est vraiment palpable.

Jean Paul Sarte, qui, accompagné de Simone de Beauvoir, visita Koyasan en 1966, décrétera d’ailleurs qu’il s’agit du « plus beau cimetière du monde, car la nature et la mort y ont fusionné ».

Conclusion

Pour documenter ces 10 jours dans le Kansai, j’ai décidé de scinder l’aventure en deux articles. Étant donné qu’il s’agit de tourisme pur, les journées étaient assez denses. Couper le récit en deux me permettra ainsi d’éviter un article interminable, et de ne pas trop prendre de retard dans leurs publications (ne me prenez pas au mot svp).
En tout cas j’ai trouvé que le décalage entre la frénésie d’Osaka et le calme religieux de Koyasan était très enrichissant. Cela prouve qu’au-delà des idées reçues, le Kansai recèle une belle diversité à explorer pour peu qu’on s’en donne la peine.
Prochaine étape : la célébrissime Kyoto, et Nara sa voisine !

またね
Antoine