Bien le bonjour à toutes et tous, et merci d’être là pour lire cet article dédié à la dernière étape du périple.
Oui, le temps est finalement venu. Après une remontée graduelle d’un an vers le Nord du Japon, c’est à Hokkaido que s’achèvera symboliquement ce voyage, avant de redescendre à Tokyo prendre le dernier avion pour la France.
Cependant, il n’est pas encore venu le temps de laisser la mélancolie nous envahir. En effet, Hokkaido, l’île la plus sauvage du pays, me tend les bras. Allons l’explorer ensemble.
Couler une vie paisible à Otaru
Rappelez-vous : Otaru, à 30 minutes de Sapporo, m’a accueilli pendant deux semaines. Avec Maria, nous y avons effectué un volontariat en auberge, sur un rythme de travail très raisonnable. Cela nous a permis d’explorer paisiblement la ville, et ses charmes.




La ville s’est développée à partir du XIXe siècle grâce à la pêche au hareng, qui a provoqué une véritable “ruée vers l’or”. Des dizaines de milliers de tonnes étaient débarquées chaque année, attirant travailleurs et commerçants venus de tout le pays. Le port d’Otaru est alors devenu le principal portail économique de Hokkaido, avec des échanges vers la Russie, l’Europe et le reste du Japon.




Son architecture reflète cette prospérité passée : la ville conserve de nombreux entrepôts en pierre du début du XXe siècle, un canal bordé de lampadaires victoriens, et des bâtiments conçus dans un style Renaissance ou européen. Ce mélange japonais/occidental est particulièrement visible autour du canal, souvent considéré comme l’emblème touristique d’Otaru. Plusieurs anciennes banques et compagnies de commerce ont aujourd’hui été reconverties en musées ou restaurants, ce qui renforce encore son attrait touristique.



Par ailleurs, le port d’Otaru, autrefois l’un des plus actifs du pays, sert aujourd’hui principalement au transport de marchandises et à quelques ferries régionaux. Il reste cependant un symbole de l’histoire industrielle de la ville. L’ambiance locale est détendue, avec de nombreux commerces d’artisanat (verre soufflé, boîtes à musique), des marchés de poisson frais et une gastronomie réputée pour le sushi !
C’est donc au rythme des balades et des animations locales que nous avons doucement passé deux semaines.



Notre volontariat terminé, c’est ainsi depuis Otaru que nous commençons un road trip d’une semaine vers l’Est d’Hokkaido. En route !
Passage éclair à Sapporo pour se remplir la panse
Avant de s’enfoncer dans la nature dense et mystérieuse d’Hokkaido, c’est à Sapporo que nous marquons l’arrêt avec un objectif bien précis : MANGER ! (Oui, c’est un refrain redondant dans ce voyage…)
Comprenez-nous : la ville à la réputation de proposer la meilleure gastronomie du pays !
Les hostilités commencent lors du déjeuner, avec une des spécialités est le soup curry. Ce curry japonais est plus liquide que celui qu’on trouve partout ailleurs, et il s’accompagne de viande et de légumes de la région. Une très belle surprise !

Après le repas, rien de tel qu’une belle balade dans les espaces verts de la ville pour digérer. Je vous recommande le campus de l’université d’Hokkaido, qui offre un havre de calme et de verdure au milieu du tumulte.



Pas question de passer à côté des classiques touristiques non plus. Non loin de là se situe la célèbre Sapporo TV Tower, devant laquelle se prolonge le long parc urbain Odori. N’hésitez pas à vous y promener tranquillement, on s’y sent bien.



Pour conclure cette journée, nous nous sommes rendus dans le restaurant le plus haut de gamme du voyage. En effet, je tenais absolument, avant de partir, à tester un restaurant de sushi premium avec menu Omakase. Devant nous se sont ainsi succédés thon rouge, dorade, brème de mer, crevettes, oursins…
J’aime appréhender les choses avec critique, ainsi j’étais honnêtement curieux de savoir si le prix allait être réellement corrélé à la qualité de ces sushis « de luxe », que j’avais pourtant mangé tant de fois auparavant dans des restaurants plus bon marché.
Et bien croyez moi, ça vaut totalement le coup. La texture et le goût du poisson sont bien entendu exceptionnels, mais c’est dans les détails qu’on est scotchés par le savoir faire du maître ! Température du riz savamment ajustée, assaisonnement millimétré, présentation, décoration. Tout est parfaitement imbriqué pour offrir aux 9 couverts de la salle un dîner exceptionnel.
C’est enfin, c’est quoi un menu Omakase ?
Omakase, ça veut dire « je m’en remets à vous » en japonais. C’est un concept culinaire où le client confie entièrement son repas au chef. Ce dernier crée un menu sur mesure selon les produits de saison et son inspiration du moment. Plutôt que de choisir dans une carte, on laisse le chef guider l’expérience : ça peut être une série de petites assiettes variées, chaudes, froides, des sashimis, des soupes, parfois jusqu’au dessert. Chaque plat est pensé pour surprendre, en jouant sur la fraîcheur, les textures et les saveurs, avec une grande attention à l’esthétique.
L’expérience omakase, c’est aussi un échange. Ll chef reste à l’écoute, adapte ses créations aux goûts et réactions du client, ce qui donne un repas unique, souvent en petit comité autour du comptoir. C’est donc une immersion qui dépasse la simple dégustation, un vrai moment de confiance et de découverte apprécié pour sa spontanéité et son raffinement.
Prendre la clé des champs à Furano
Ah, ça y est ! Les clés de la formule 1 sont récupérées, il n’y a plus qu’à conduire (à gauche !) ver l’est. Premier arrêt : Furano.
Cette ville, très connue et populaire auprès des touristes asiatiques, contient quelques points d’intérêts amusants. Notre premier arrêt sera ainsi…une fromagerie !
Les japonais consomment volontiers du fromage à l’occasion, mais ce dernier est pratiquement tout le temps importé. Malgré la bonne image des produits laitiers (lait, beurre) au Japon, la culture de la fermentation lactique n’a pas pris. Ainsi, une fromagerie comme celle de Furano fait figure d’exception, et c’est avec beaucoup de curiosité que nous avons dégusté leur camembert made in japan.

Fromage à part c’est en fait tout autre chose qui fait la renommée en Asie de la région de Furano. La ville et ses environs sont, en effet, célèbres pour leurs fermes de fleurs. Lorsque les beaux jours s’installent à Hokkaido, ces champs se parent ainsi de couleurs chatoyantes, et offre un paysage féerique unique au Japon. Un peu l’équivalent de nos champs de lavande en Provence finalement !








Avant de quitter la campagne de Furano, je vous présente deux arrêts très mignons qu’on peut faire dans la région. Le premier, est un étang dont l’eau, chargée de minéraux cuivrés, renvoie une lumière bleu électrique des plus saisissantes. Pour l’anecdote, le lieu est tellement marquant visuellement qu’il fût choisi pour faire office de fond d’écran Macintosh.




Le deuxième, beaucoup plus saisonnier, est une cascade. Mais quelle est donc sa particularité ? Jusqu’à la fin de l’été, on peut en fait y observer des milliers de saumons qui, puisant dans leurs forces, sautent plusieurs mètres pour remonter le courant et se reproduire. Un spectacle unique, qui m’a prendre de nombreuses photos pour capturer le bon timing du saumon aérien frétillant.


Crapahuter par monts et par vaux
Laissons Furano et le tourisme derrière nous, et enfonçons nous encore plus loin dans les profondeurs d’Hokkaido. Pour y voir plus clair, il est bon de prendre un peu de hauteur. C’est ainsi que nous avons attaqué, le pied ferme, l’ascension du plus haut sommet de l’île : le mont Asahidake.
Petite parenthèse ici : j’avais dans mon projet initial de voyage, l’ascension du mont Fuji. En me renseignant, j’ai vite déchanté : taxe d’ascension élevée, refuges saturés, randonnée gâchée par des hordes de touristes provoquant des bouchons, et finalement, une fois qu’on est tout en haut…on ne voit pas grand chose.
J’ai donc décidé de me tenir à mon mantra depuis le début, et de sortir des sentiers battus. Le mont Asahidake m’a apporté ce dont j’avais besoin : une montagne et des paysages préservés, magnifiques. Peu de monde, et une jolie symbolique, puisque ce sommet représente non seulement le point culminant de la dernière étape du voyage, mais aussi parce que son nom signifie « sommet du soleil levant » en japonais. Rien de mieux pour terminer mon voyage au Japon, j’y ai vu un signe de la déesse Inari.(Rappelez-vous, celle avec les renards).
La randonnée a vraiment tenu ses promesses. Entre les cratères qui fulminaient de vapeurs de soufre, la caldeira verdoyante à perte de vue, et les lacs naturels qui se découpaient dans la plaine, c’était un concentré de nature violente et superbe de l’île de Hokkaido. Je vous laisse apprécier, en couleur et en noir et blanc.










Se tremper les pieds dans les sources chaudes du lac
Une fois la montagne redescendue, nous sommes partis en quête d’un moyen de détendre nos pieds et nos jambes fatiguées. Cela tombe bien, car la prochaine étape est à Teshikaga. Cette région abrite des lacs célèbres pour leur activité thermique intense. L’un d’entre eux, le lac Mashu, est connu pour son bleu profond, qu’on dit unique au monde.
Le deuxième, celui qui nous intéresse ici, permet à ses visiteurs de creuser leurs propres onsens.
Oui, vous avez bien lu ! En s’armant d’un outil fouisseur, et en creusant ainsi le sable sur sa berge, c’est de l’eau thermale (très) chaude qui jaillit. On peut alors la tempérer avec les eaux tièdes du lac, pour ensuite se relaxer les pieds dans son onsen sur mesure… Elle est pas belle la vie sérieusement ?




Aux alentours des lacs, je vous recommande d’explorer la nature préservée de cette région reculée d’Hokkaido. Elle y est sereine et apaisante. Mais attention aux ours ! Les attaques mortelles sont tristement fréquentes dans la région…
Redescendre dans les marécages de Kushiro
Pour terminer cette boucle, nous avons pris la route plein Sud vers le parc naturel de Kushiro. Il s’agit d’une gigantesque zone humide, et qui comporte une faune et une flore uniques.
Petit caprice de photographe : sur le chemin, nous nous sommes arrêtés pour photographier cette ancienne écluse. Je l’ai trouvée toujours imposante malgré son départ à la retraite.



Arrivés dans les marais, nous avons pu profiter d’une belle balade sur les passerelles en bois, afin d’observer ces grandes plaines humides, si rares au Japon.



Cette zone est d’ailleurs le repère des célèbres grues japonaises, symbole fort du pays.
Vincent Munier, le photographe animalier le plus reconnu au monde, avait d’ailleurs sublimé leurs fameuses danses nuptiales en hiver, dans une de ses meilleures séries. Quant à nous, nous avons eu tout de même la chance d’en voir une, au loin.
Je vous laisse deviner quelle photo appartient à quel photographe…


Après cette pause dans cette région reculée, nous avons tranquillement pris la route du retour. Dernier arrêt : une nuit bien méritée dans un Ryokan, afin de profiter d’un dernier onsen et repas royal avant de reprendre l’avion vers Tokyo.
Vers la fin de l’aventure
Hokkaido aura réellement tenu ses promesses, et louer une voiture aura été au final une des meilleures décisions de cette étape. Pouvoir explorer à notre guise les magnifiques paysages naturels cette île du Nord est une chance incroyable. J’aurais aimé avoir plus de temps pour explorer d’autres recoins, parcs naturels, et sommets sauvages. Mais pour l’heure il nous faut rentrer à Tokyo, et dans la foulée, quitter le Japon pour conclure cette année.
Nous voici ainsi à la fin de ce voyage. Que dire ? Je réalise qu’il va être compliqué de coucher mes pensées à chaud. Ce n’est ainsi pas encore le moment de dresser le bilan de cette année hors-norme.
J’ai donc décidé de le faire dans un article final, qui paraîtra entre fin-septembre et le mois d’octobre, et qui sera donc écrit en France.
D’ici là, merci encore d’avoir lu ces carnets, et je vous dis à bientôt dans le dernier article.
またね
Antoine