Après une transition internationale hongro-chinoise, me voici finalement parvenu en terre promise, au pays du soleil levant ! Il est maintenant temps de prendre la route d’Iriomote-Jima, l’île où j’ai prévu de passer mon premier mois en volontariat.
Pour atteindre cette île, ce n’est pas si simple. Elle n’est desservie qu’en bateau, depuis l’île voisine d’Ishigaki-Jima. Et cette dernière n’est desservie qu’en avion, depuis Tokyo ou Naha, la « capitale » de la préfecture d’Okinawa.
Qu’à cela ne tienne ! Quitte à ruiner mon bilan carbone, autant y aller à fond… Plus sérieusement, ça me fait un peu mal au coeur de prendre autant l’avion pour voyager. Dans ce cas précis il n’y avait pas d’autre choix, mais cela reste un dilemme moral : le voyage ou la bonne conscience écologique ? 🤔
Comme je n’arriverai pas à résoudre cette équation dans les prochains mois, je me rassure en me disant que mes volontariats dans des fermes biologiques participeront à cultiver ma sensibilité écologique, à apprendre des méthodes d’agricultures alternatives plus propres, et à en faire la promotion à mon retour.
Mais de là à savoir si ça compensera mon bilan CO2…
Bref, je digresse ! Pour atteindre Ishigaki-Jima, j’ai donc commencé par passer 2 jours à Tokyo.
Deux jours fantomatiques à Tokyo
Comme le l’indiquais à la fin de mon article précédent, j’ai choisi de ne pas écrire d’article dédié à mes deux jours à Tokyo.
La première raison est que je n’y suis resté que deux jours, ce qui m’a juste laissé le temps de faire les observations classiques de tout voyageur étranger à cette capitale : c’est grand, c’est d’une propreté impressionnante, et on a vraiment l’impression de basculer dans un autre univers.
D’ailleurs, je n’ai pas ressenti ce dernier point comme quelque chose de forcément positif. Le silence absolu dans les transports en commun m’a même assez intimidé. Je garderai également longtemps en tête le regard effrayé du vendeur d’électronique quand je lui ai demandé s’il parlait anglais.
La deuxième raison pour laquelle je ne vais pas trop m’étendre, c’est parce que cette maudite climatisation dans l’avion m’a rendu bien malade. Le mal de tête, le nez bouché, et les nuits blanches qui en ont découlé m’ont littéralement transformé en spectre !
De fait, j’ai annulé pratiquement tout ce que je voulais faire sur ces deux jours.
J’ai quand même réussi à me trainer jusqu’à un restaurant de ramen juste à côté de l’auberge. J’ai pu y déguster en silence (et en souffrance) de délicieux ramen au sel et aux coquillages, avec supplément viande pour finir d’enterrer mon bilan carbone (Allez, j’arrête avec ça…)

Dernière chose que j’ai faite à Tokyo : je me suis rendu dans un magasin d’électronique pour tenter d’obtenir un numéro de téléphone et une carte SIM. Spoiler : ça n’a pas marché, car pour cela je dois justifier d’une adresse de résidence. Ma carte d’identité locale n’en comportait pas, car j’avais prévu d’aller l’enregistrer dans la préfecture d’Okinawa (étant donné que c’est là bas que je serai basé pendant un mois). Je suis donc reparti bredouille, mais j’avais un plan.
Pour le réaliser, direction Ishigaki Jima !
Un petit aparté sur l’aéroport de Tokyo Haneda : en rejoignant le terminal dédié aux vols internes, j’ai pu vraiment apprécier la praticité et l’organisation du pays. Le checkin se fait soit même via une première machine, qui imprime l’étiquette des bagages. On place ensuite ces bagages dans une seconde machine qui scan automatiquement l’étiquette, et le bagage est envoyé en soute. Temps total de l’opération : 5min.
Comme je suis arrivé avec un peu d’avance, cela m’a laissé le temps d’explorer un peu le terminal, en particulier les restaurants. J’ai alors découvert qu’ils servaient des ekiben, ou en l’occurence un soraben. J’en ai donc naturellement acheté un sur le champs.
Qu’est ce qu’un EKIBEN/SORABEN :
Le bentō représente le casse-croute iconique japonais. Lorsqu’il est vendu dans une gare (eki en japonais) on parle d’ekiben. Lorsqu’il est vendu dans un aéroport ils ne renomment soraben (sora, le ciel en japonais).
La particularité de ces bentō est qu‘ils sont représentatifs des spécialités locales de la gare/aéroport où ils sont vendus. Il en existe entre 3000 et 5000 différents au Japon, et certaines gares sont devenus célèbres via la qualité de leur ekiben.
Celui que j’ai choisi était sur le thème des produits de la montagnes : champignons, tubercules, poisson de rivière,… un vrai délice pour 7€ seulement ! Ça change du sandwich triangle !

Après avoir embarqué, je profite du thé vert servi à de multiples reprises dans l’avion pour m’hydrater et soulager ma gorge, et après environ 3h de vol me voici arrivé à Ishigaki Jima !
Ishigaki Jima, arrivée à l’auberge et rencontre inattendue
En arrivant à Ishigaki Jima, un bus m’emmène directement en centre ville ou je rejoins mon auberge à pied. J’ai eu la très agréable surprise de découvrir une maison charmante dans laquelle vit une famille japonaise : les gérants et leurs deux enfants. La gérante, après avoir manqué de faire une attaque cardiaque lorsqu’elle a vu mon pied en basket s’approcher du sol du salon, m’a expliqué avec une grande gentillesse les règles de la maison.

Je prends alors possession de mes quartiers, et je pars faire un tour dans la ville. Il est 19h, il fait déjà nuit.
J’ai trouvé que la ville construite autour du port d’Ishigaki Jima n’était pas particulièrement charmante, plutôt orientée vers le tourisme japonais. Cela dit elle m’a tout de même donné l’impression de comporter de petits restaurants locaux qui m’ont donné envie de passer du temps à explorer les recoins.

Après avoir acheté un Onigiri aux oeufs de saumon à 200 yens (1,20€), je rentre à l’auberge pour profiter d’une soirée reposante… enfin c’est ce que je croyais !
En effet, à peine ai-je franchi le seuil de ma chambre, que je sens une main se poser sur mon épaule. En me retournant, je fais face à un viel homme hilare qui me dit avec un accent à couper au couteau ‘Plizu Drinku Wizu mi ?!’
Ce genre d’offre ne se refusant pas, je le suis jusqu’à la pièce de vie. Je découvre alors 5 personnes déjà assises autour de la table basse. Elles discutent autour d’une bouteille de saké. En faisant les présentations, j’apprends qu’il s’agit d’un groupe d’ami partis pêcher, qui font une pause à l’auberge pour prendre le bateau à la première heure le lendemain.
Il s’agissait de ma première vraie discussions en japonais du voyage (acheter un onigiri en kombini ça ne compte pas), et c’est à ce moment là que j’ai réalisé que j’aurai du étudier la langue plus assidûment avant de partir…
Avec des phrases bancales parsemées de quelques mots anglais de temps en temps, nous avons tout de même réussi à nous comprendre, et j’ai passé un excellent moment.
Dans ce groupe septuagénaire, personne n’est jamais allé en France. Cependant ils m’ont demandé s’il était vrai que les toilettes publiques de Paris étaient sales. Ils étaient très surpris lorsque je leur ai confirmé que c’était le cas ! Quand on voit l’état de propreté impeccable des espaces publiques au Japon, je comprends pourquoi…
Après le deuxième verre de saké, et constatant que le patron de l’auberge avait tendance à approcher la bouteille dangereusement, j’ai pris congé du groupe pour aller me coucher. Le lendemain, il me fallait rejoindre la mairie d’Ishigaki pour une démarche importante.
Cauchemar en mairie, flâneries et départ pour Iriomote
Le lendemain matin, j’ai rejoint la mairie de l’île à environ 20min de bus de l’auberge.
Petite parenthèse, mais le système de bus est assez différent de ce à quoi nous sommes habitués : il s’agit de bus post-payés. En France le prix du trajet est souvent fixe, mais au Japon il dépend de la distance parcourue. Ainsi, lorsqu’on monte dans le bus, un ticket comportant le numéro de l’arrêt est émis. Un écran situé à l’avant comporte ces numéros, et le tarif associé augmente au fur et à mesure. Lorsqu’on descend du bus, il suffit alors de payer le montant indiqué à côté de votre numéro. Un peu perturbant la première fois mais on s’y fait vite !
La raison pour laquelle je devais rejoindre la mairie, est que pour tout séjour supérieur à 3 mois, les visiteurs se doivent d’enregistrer une adresse de résidence auprès de l’administration japonaise. La souscription au régime de sécurité sociale est également obligatoire.
Arrivé à la mairie, j’ai tenté de trouver le bon département pour ces démarches. Une dame très gentille, me voyant galérer, s’est proposé de m’aider dans un anglais impeccable. « Quelle chance ! » me suis-je dit ! En fait non. En effet, mon adresse à la ferme dépendait en fait de la mairie des îles éloignées, qui n’était pas du tout située à cet endroit.
Bon, rebelote, je reprends un bus, et en plus il pleut des cordes… Me voici finalement arrivé dans la bonne mairie. Sauf que cette fois-ci, pas de bol, personne ne parle anglais… Déjà que les procédures françaises peuvent poser des difficultés au natifs, je vous laisse imaginer essayer de souscrire à la sécurité sociale nippone avec des tonnes de formulaires uniquement en japonais…
Le clou du spectacle a été quand la dame m’a proposé une carte de réduction pour les bateaux locaux. En effet, en tant que futur résident officiel, j’y ai droit ! Le wifi ne fonctionnant pas, pas de traducteur à disposition. Elle a fini par me dessiner une pile de billets qui devient plus petite grâce à la carte. Qui aurait cru que toutes ces soirées Pictionary allaient finir par payer !
Au final, après 1h passé à luter pour ma vie, la dame me fait comprendre que la procédure était terminée. Je n’ai plus qu’à attendre mon premier courrier pour voir si j’ai réussi ou pas…
Pour profiter de ma dernière soirée à Ishigaki avant de prendre le bateau pour Iriomote, je suis sorti me promener. J’ai emprunté une sorte de grand pont qui menait à une toute petite île. De là, on pouvait profiter de quelques points de vues sur la mer.
J’y ai également rencontré beaucoup de chats errants, qui m’ont fait l’honneur de servir de modèles photos quelques temps. Une voiture s’est arrêtée pour les nourrir et les soigner, ce qui m’a rassuré. Le Japon a pour le moment maintenu à mes yeux sa réputation de pays adorateur des chats…

Fin du voyage et embarquement pour Iriomote-Jima
Le lendemain matin, après avoir pris congé auprès de la patronne de l’auberge, je me suis dirigé vers le port. Enfin, après cette semaine entière passée à faire des sauts de puces, il était temps de prendre le dernier bateau avant un moment !
Pour rejoindre la ferme dans laquelle je vais travailler un mois, il me faut rejoindre le port d’Uhehara. Il se situe au nord de l’île. Pas de bol, ce jour là cette route maritime était annulée…
Qu’à cela ne tienne, je prends un billet de bateau pour le port du Sud, pour ensuite prendre une navette qui m’emmènera jusqu’à la ferme. Départ prévu à 16h, cela me laisse le temps de flâner dans le port. Ce dernier comporte quelques boutiques et surtout un SUTAMPU !

« Mais dis-donc Jamy, c’est quoi un stampu ?«
Les sutampu, translation de l’anglais ‘stamps’ en japonais, sont comme le nom l’indique des tampons à collectionner dans les différentes gares, temples, ports ou aéroports du pays. Ils sont uniques et représentent souvent un petit dessin local, avec quelques détails amusants.
Etant donné que j’ai amené un carnet juste pour ça, je n’allais pas m’en priver ! Celui du port des îles éloignées représente une vue du dessus de l’île d’Ishigaki. Et hop, c’est dans la poche !
C’est l’heure ! Je monte dans le bateau : en route vers Iriomote Jima !
Merci d’avoir suivi le périple jusque là. Je centrerai surement le prochain article sur mes premiers jours à la ferme et sur la vie sur cette île. A bientôt pour un compte rendu de la vie insulaire 🙂
またね !
Antoine