Bonjour à toutes et tous, et bienvenu(e)s dans ce nouveau carnet de voyage dédié à mes dernières semaines à Tokyo. Ah, Tokyo,… Vous rappelez-vous, lors de mon tout premier article dédié à mon arrivée au Japon, l’impression plutôt négative que la ville m’avait laissée ?
Au final, je suis rassuré de constater que ce sentiment initial était superficiel. En dédiant du temps à la capitale, je suis bel et bien tombé sous son charme !
Dans le précédent article, je vous avais présenté quelques quartiers iconiques, et d’autres un peu moins connus. Dans la dernière partie du triptyque, je vous propose une piste différente : comment profiter de Tokyo quand on y habite sur un temps plus long ?
Je m’explique : un voyageur « lambda » dédiera peut-être une semaine à Tokyo, et en profitera pour explorer les quartiers précédemment présentés. Cela se fait très bien sur ce laps de temps.
Mais par conséquent, quand on pose ses valises pour deux mois, et une fois qu’on a vu les attractions principales de la ville… on fait quoi ?
Je vous invite donc à chausser votre meilleure paire de sneakers, et à partir en promenade, comme un local, en dehors des sentiers battus.
Chiner des trésors dans les marchés aux puces
Vous pensiez que la culture de la bonne vieille brocante était typiquement européenne ? Détrompez-vous. Les japonais adorent faire de bonnes affaires dans les nombreux marchés aux puces de la ville. Appelés « Furi-Ma » en japonais (abrégé de l’anglais « Flea Market »), ils sont pour la plupart tenus le dimanche, dès les premières lueurs du jour.
Pendant la saison estivale, il n’y a que l’embarras du choix, car il s’en tient vraiment partout dans la ville. Attention cependant, car tous ne se valent pas !
En effet, certaines brocantes, très locales, m’ont charmé par leur cadre et la qualité des stands. C’est le cas de la brocante de Gokoku-ji qui se tient dans l’enceinte du temple éponyme. Un peu excentrée, elle est de fait plus fréquentée par les locaux et les prix y sont ainsi plus intéressants.
Pas besoin en revanche de partir en expédition de plusieurs heures pour vous rendre dans une micro-brocante. Vous pouvez trouver de beaux marchés aux puces authentiques dans des quartiers hyper-centraux, mais moins connus. Par exemple, celui de la rue Jizo Dori à Sugamo, où j’ai profité d’une jolie combinaison de stands de street-food et de brocante.


Enfin, il existe d’autres brocantes beaucoup plus connues, et donc beaucoup plus touristiques.
Typiquement, l’Oedo flea market se tient deux fois par mois à deux pas du quartier de Ginza et Nihombashi. Malgré ses prix un peu gonflés, j’ai trouvé l’ambiance très chouette, et la qualité des objets excellente. Cette brocante se tient également juste à côté du Forum International de Tokyo. Ce bâtiment à l’architecture remarquable attire fréquemment les photographes pour son esthétisme.









Allumer le feu et profiter des Hanabi
S’il y a bien une activité que les japonais adorent pratiquer en été, c’est bien l’observation des feux d’artifices. Appelés Hanabi (littéralement « fleurs de feu », c’est beau…), il s’en tient de nombreux dans Tokyo et sa banlieue dès l’arrivée des beaux jours.
La différence avec nos feux d’artifices se situe tout d’abord dans la symbolique. Pas besoin d’attendre un jour férié ou une occasion spéciale ! Les fusées japonaises détonnent pour le simple plaisir des yeux. Ainsi, il n’est pas rare de pouvoir en profiter toutes les semaines à partir de Juillet.
De plus, la durée de ces derniers est généralement plus longue que ce à quoi nous sommes habitués, avec des spectacles pouvant durer près d’une heure, pour les plus iconiques.
Lorsqu’ils le peuvent, les organisateurs des Hanabi choisissent l’emplacement au dessus d’une rivière, ou encore de la mer, pour profiter des belles réflexions sur l’eau. C’est le cas par exemple avec le feu d’artifice de Yokohama, auquel j’ai pu assister à la japonaise.
Vous remarquerez que tout le monde s’assied sur les bâches au sol, ce qui dégage la vue et garantit un beau spectacle pour petits et grands.


Vous n’avez pas la possibilité de vous déplacer jusqu’à l’événement ? Pas de problème ! Les japonais adorent également se réunir dans le parc de leur quartier pour allumer de petits feux d’artifices eux-mêmes. Il ne s’agit pas de fusée, mais de petits bâtons produisant des étincelles qu’on tient à la main, dans l’obscurité, en silence et entre amis. Vous avez peut-être même déjà vu ces scènes dans les séries d’animation japonaises, tant elles font partie des habitudes des soirs d’été.


S’émerveiller dans les différents festivals locaux
Vous l’aviez sûrement vu venir ! Les festivals, qui se déroulent tout au long de l’année, sont décuplés pendant les mois d’été. On comprend aisément pourquoi : météo clémente, possibilité de profiter de belles illuminations en soirée après la chaleur écrasante de l’après-midi,…
Toutes les semaines, c’est une nouvelle occasion de célébrer quelque chose de nouveau ! Allez, je vous donne quelques exemples.
La fête des lucioles
Ces petits vers luisants sont fortement associés aux chaleurs de l’été au Japon. Même si on les retrouve plus facilement dans les campagnes humides, de nombreux festivals proches de Tokyo permettent de profiter de ce magnifique spectacle. Dans ce cas, on relâche les lucioles près des rivières ou dans les parcs, pour le plus grand bonheur des enfants et des adultes.
Une scène assez difficile à prendre en photo cela dit !


Les festivals Obon
Si vous demandez aux japonais quel type de festivals est le plus associé à l’été, il vous répondra probablement que ce sont les festivals d’Obon. Il s’agit d’une occasion pour les familles de célébrer les ancêtres. Après d’être recueillis sur leurs tombes, les hommages sont rendus via différents rituels.
Le festival s’achève alors lors d’une danse dite Bon Odori très reconnaissable. Les danseurs se regroupent, et pratiquent les pas de danse et les chants, accompagnés de mouvements des bras et des mains qu’on retrouve uniquement pour cette occasion. Il s’agit, malgré la signification bouddhiste, d’un moment très festif où tout le monde s’encourage à participer dans la bonne humeur !







Les festivals dédiés à d’autres cultures
Ne tombons pas dans le cliché, les japonais adorent s’ouvrir à d’autres cultures et savoir-faire. Pendant l’été, ce sont ains de nombreux festivals en l’honneur de pays ou de traditions étrangères qui se déroulent à Tokyo : danse hawaïenne, chant du Brésil, Taïwan,…
Il est alors possible de déguster de la nourriture typique des pays représentés dans les nombreux yataïs, et d’apprécier les différents spectacles uniques à l’occasion. Pour ma part, j’ai adoré le festival dédié à Taïwan, où une troupe de danseurs et cracheurs de feu a émerveillé le publique par leur énergie et leur habileté.



Flâner dans les parcs, temples et sanctuaires secrets
Tokyo est vaste, variée, certains quartiers sont plus calmes que d’autres,… mais ça reste une mégalopole. Pour échapper à l’agitation et au bruit, j’ai profité des magnifiques parcs et lieux cachés dans la ville. Voici deux de mes préférés !
Les jardins Hama-Rikyū, s’étendent non loin du célèbre marché au poisson Tsukiji, près de l’île artificielle d’Odaïba. J’ai adoré m’y promener pour profiter de la floraison des iris et de ses belles étendues verdoyantes.
Le parc possède de grands plans d’eau qui ont la particularité d’être connectés directement à la mer. Cela implique une eau saumâtre et des espèces de poissons différentes. De plus, les immeubles alentours s’y reflètent, ce qui créée un contraste saisissant.






Autre parc que j’ai adoré, le jardin caché dans le gigantesque sanctuaire Meiji-jingu. Au détour d’un petit chemin, et contre un faible billet d’entrée, il se découvre aux visiteurs curieux. On y trouve de magnifiques plans d’eau recouverts de nénuphars, qui s’étendent devant d’anciennes maisons de thé. Des iris s’y épanouissent également en saison.



Beaucoup plus près de mon lieu de résidence, se situe également un sanctuaire bien plus local : le sanctuaire Takagi. A première vue, il parait tout à fait ordinaire, mais en regardant de plus près, on remarque que des centaines d’onigiri (ces petites boules de riz typiques des repas à emporter) le décorent.
Cette particularité provient, comme souvent, d’un jeu de mots en japonais. La divinité qui créée les liens entre les personnes et les choses, et la boule de riz iconique ont la même prononciation, ce qui explique cette décoration unique.





Lors de ma venue, le sanctuaire avait également installé son grand anneau Chinowa. Souvent tressé en jonc ou en roseau, cet anneau apparaît dès la mi-année dans les sanctuaires shinto au Japon.
Il sert à se purifier de ses péchés accumulés jusqu’alors. Il suffit de le traverser plusieurs fois par la gauche et la droite, en formant un huit. Vous voilà clean !

Sortir de Tokyo pour mieux l’apprécier
He oui ! Rien de tel pour profiter de tout ce que Tokyo a à offrir, que de s’en éloigner un peu !
En à peine une heure de train, il est possible de rejoindre de magnifiques coins en banlieue pour profiter d’une tout autre ambiance. Parmi les destinations phares : Kamakura, Nikko, Enoshima,… Mais pour ma part, je vous emmène plutôt dans deux autres lieux que j’ai adoré visiter !
Yokohama, un petit morceau de Chine au bord de la mer
Yokohama, située au Sud de Tokyo, est très facilement accessible en train. A peine arrivés, on débarque dans le gigantesque Chinatown qui fait la célébrité de la ville. C’est un véritable petit morceau de Chine qui s’offre à nous, avec ses restaurants et boutiques, mais aussi les odeurs et les sons.







Yokohama étant située en bord de mer, j’ai également adoré la balade le long du port. L’avancée sur le grand ponton en bois est très photogénique, et permet de profiter d’une belle vue urbano-marine.






Bonus : lors de ma venue, j’ai assisté à un magnifique lâcher de lanternes ! (Amoureux des tortues, pas de panique : ces dernières, à LED, sont retenues par un fil afin d’éviter leur échouage dans l’océan.)

Kawagoe, pépite de sérénité aux portes de Tokyo
Située dans les terres au Nord-Ouest de la capitale, Kawagoe offre une ambiance totalement différente mais résolument charmante. Surnommée « la petite Edo« , elle est composée, de fait, de très belles rues bordées de maisons traditionnelles, et de bâtiments historiques.












Une des allées les plus célèbres, surnommée « Candy Lane« , comporte comme son nom l’indique des boutiques spécialisées dans les sucreries, en particulier les bonbons anciens, faits à la main.

La raison de ma venue étant pourtant tout autre : une fois par an se tient dans un sanctuaire de la ville le festival des carillons éoliens, appelés fuurin en japonais.
Déroule pour en savoir plus sur les carillons fuurin, le doux son de l’été au Japon
Les furin (風鈴) sont des carillons japonais que l’on accroche aux fenêtres, aux temples ou aux porches pendant l’été. Ils se composent d’une petite cloche en verre, métal ou céramique. Un morceau de papier qui agit comme prise au vent.
Leur son clair annonce la saison estivale. À l’époque d’Edo, on pensait qu’ils repoussaient les mauvais esprits et les maladies. Aujourd’hui, ils sont surtout utilisés pour évoquer la fraîcheur et créer une ambiance apaisante malgré la chaleur.
On les retrouve dans les sanctuaires sous forme d’installations artistiques, ou à vendre dans les festivals d’été. On peut parfois les peindre soi-même.
Une expression japonaise résume leur rôle :
風鈴の音が涼を呼ぶ : furin no oto ga ryō wo yobu = Le son du carillon appelle la fraîcheur.
Le spectacle de ces centaines de carillons délicats, oscillants et tintant au gré du vent, était vraiment digne des plus beaux films d’animation. Voici typiquement un souvenir que j’essaierai de mettre dans ma valise avant de rentrer…


Conclusion
Voilà ! Après deux mois passés à Tokyo, il est venu le temps de quitter la capitale et d’embrayer sur la suite. Il s’agira du lieu où j’aurai passé le plus de temps, mais sans regret ! En effet, j’y aurai fait de très belles découvertes, et de jolies rencontres.
Le mois d’aout est par ailleurs le dernier mois complet de mon voyage, avant le grand retour en France début Septembre…
Cette perspective, pleine d’incertitudes, m’invite cependant à profiter pleinement du temps qui me reste au Japon.
Pour cela, j’ai décidé… de prendre un peu de distance et de partir 10 jours en Indonésie ! En effet, je suis convaincu que m’éloigner un peu du pays du soleil levant va me permettre de l’apprécier encore plus avant de le quitter pour de bon.
En attendant le prochain carnet, sous le signe du soleil et de la mer, je vous souhaite un bel été !
またね
Antoine