Après presque 15 jours passés dans la ferme Ohama à Iriomote, je me sens déjà presque fermier. Mes pieds se sont adaptés à la forme des bottes, ma peau résiste maintenant aux piqûres des bestioles en tout genre, et j’ai pris l’accent d’Okinawa.
J’ai tellement hâte de continuer le désherbage ! Il n’y a plus qu’à finir la parcelle et ensuite, on pourra semer les légu…Attendez. Je crois que je suis en train de me faire un peu trop embarquer dans la farm-life !
La première raison pour laquelle je suis venu sur cette île, était de pouvoir profiter de ses superbes atouts. En particulier, une mer paradisiaque et une forêt sauvage.
C’est vrai qu’avec les 6h de travail par jour, et le soleil qui se couche aux alentours de 18h, la semaine n’est pas le meilleur moment pour se livrer à ces activités. Même si un plongeon express est de temps en temps possible. Fort heureusement, les week-ends sont complètement libres ! Je vous propose donc de découvrir comment j’ai exploré l’île d’Iriomote sur mes temps libres.
Les paysages de rêves d’Iriomote : du sable et des étoiles
Une des raisons principales pour laquelle j’ai choisi de visiter cette île, était de profiter à fond de ses plages de rêves.
Laissez-moi vous dire que sur ce point je n’ai pas été déçu. En octobre, l’île jouit encore d’un climat extrêmement agréable, avec près de 30 degrés en journée. Le soleil est encore très présent, même si une pluie tropicale peut pointer le bout de son nez de temps en temps. De plus en cette saison, l’île est très peu touristique.
Résultat : des plages paradisiaques complètement desertes, sur lesquelles on peut bronzer ou siroter sa boisson favorite en toute tranquillité.
Une des plages classée assez haut dans ma check-list était la plage d’Ida. On y accède depuis le port de Shirahama, à environ 10min à vélo de la ferme. Un bateau assure la liaison 5 fois par jour. Et comme j’ai désormais en ma possession une carte de réduction pour les bateaux locaux obtenue dans la souffrance, l’aller-retour m’a coûté la modique somme de 390 yens (2,37 euros).
Arrivé sur place, après une petite marche de 5min le long d’un sentier botanique, on débouche sur une longue plage de sable clair. L’eau est d’un bleu turquoise, il n’y a pas de courant. Bref, c’est le pied !

Sans avoir à prendre le bateau, l’île regorge également de plages moins connues presque aussi magnifiques.
On y accède via de petits sentiers le long de la route. Comme ces plages ne sont pas indiquées par de la signalisation, les Japonais s’y rendent beaucoup plus rarement.
Il est ainsi possible de profiter des plages tranquillement. Comme par exemple la plage de Mimikiri (Littéralement « Oreille coupée », à cause d’un rocher évoquant une oreille). Ou encore celle de Nakano, plus allongée, mais tout aussi paisible.
À ce sujet, j’ai l’impression que les Japonais ont moins cet intérêt des endroits un peu « cachés ». J’ai plutôt le sentiment qu’ils préfèrent passer leur temps dans les lieux connus et recommandés par les différents médias nationaux ou locaux. Là où en France, nous avons cet attrait, voire fierté, de fréquenter les lieux « que personne ne connaît » afin de profiter du sentiment d’avoir été privilégié.
Une autre plage remarquable sur l’île est celle d’Hoshizuna, littéralement plage du sable étoilé. Ce nom vient de la présence, il y a plusieurs milliers d’années d’un organisme à coquille (une espèce de foraminifères pour les curieux) ayant une forme d’étoile. Ainsi, en regardant le sable de plus près, on peut encore trouver ces coquilles étoilées sur la plage. Cette dernière est d’ailleurs assez plébiscitée par les locaux. En effet l’eau y est chaude et peu profonde, ce qui lui donne un air de piscine naturelle. Elle est idéale pour les familles !

Tant qu’on parle d’étoiles, je me dois de mentionner une particularité locale : l’extinction de l’éclairage public la nuit. Cela vaut au centre de l’île d’être inscrite au patrimoine des « zones sombres » du Japon. En conséquence, Iriomote-Jima est un lieu idéal pour tous les amateurs d’astronomie, ou ceux qui aiment simplement observer le ciel étoilé.
Lors des nuits ou la lumière de la lune est faible, on distingue très facilement une belle voie lactée.
On peut même observer des phénomènes plus rares. Récemment, la comète Tsuchinshan-ATLAS nous a fait l’honneur de sa présence. Cette comète, qualifiée de « comète du siècle », ne reviendra au plus près de la Terre que dans 80 000 ans. Iriomote Jima était donc un excellent endroit pour profiter du spectacle !

Zoom sur la vie sous-marine de l’île
Malgré des paysages magnifiques, je pense qu’on ne peut pas réellement apprécier la beauté d’Iriomote-Jima sans mettre la tête sous l’eau.
L’île est, en effet, entourée d’une barrière de corail créant un lagon circulaire. Le fait que l’île soit peu fréquentée hors saison préserve la beauté des coraux. Malheureusement les typhons des dernières années les ont un peu affaiblis.
Cela dit, l’île comporte de très nombreux clubs et boutiques de plongée pour une bonne raison : la vie sous-marine y est foisonnante ! Pour peu qu’on passe un peu de temps sous l’eau, il est facile d’observer de nombreuses espèces aquatiques.
À la plage d’Ida, j’ai par exemple eu la chance de nager à plusieurs reprises avec des tortues de mer. Ces dernières profitent des herbiers et des eaux chaudes pour casser la croûte paisiblement.

Les récifs abritent également pas moins de 6 espèces différentes de poissons-clowns qui élisent domicile dans les anémones près du rivage. Très faciles à observer de près, on distingue les adultes rouge et blanc des spécimens juvéniles noir et blanc.
Pour les amateurs de sensations, les lagons de l’île sont également le domicile d’espèces qui paraissent un peu moins hospitalières. On peut ainsi rencontrer une espèce locale de serpent de mer, dont la morsure venimeuse peut causer une paralysie rapide. Ces derniers sont heureusement peu agressifs.
J’ai également eu la « chance » de tomber nez à nez avec un requin pendant une session de snorkeling. Il s’agissait d’un requin pointe blanche des récifs, une espèce sans danger qui se nourrit de crustacés et de petits poissons.
Mais ça fait quand même bizarre !
La corde sensible : une gastronomie locale généreuse
Sur l’île il existe une autre créature qui se nourrit de petits poissons : Moi. À part le week-end, je mange tous les jours à la ferme. Le fermier nous prépare trois repas par jour, et c’est un véritable régal. Je vous propose de rentrer un peu plus dans le détail des repas usuels japonais.
Premièrement, sans faire dans le cliché, le riz est omniprésent. Chaque maison est équipée d’un ou plusieurs rice-cookers qui sont en fonctionnement constamment pour qu’il y ait toujours du riz chaud.
Le petit-déjeuner de la ferme est ainsi constitué d’un mélange de riz, d’un œuf au plat (des poules de la ferme), de légumes du jardin et d’un bol de soupe miso. C’est donc assez copieux et contrairement à la France, on ne mange pas de sucré. Cependant, pour avoir de l’énergie pour enchaîner sur un travail manuel, c’est le top.

Les repas du midi et du soir fonctionnent sur le même principe, c’est-à-dire du riz, des légumes et une source de protéines : viande, poisson, œufs ou tofu. D’ailleurs, le tofu ici n’a rien à voir avec ceux que j’ai pu manger en France ! Il est beaucoup plus léger, a une texture très agréable et un goût subtile.
De temps en temps, le fermier nous demande de faire la cuisine avec des plats de nos pays d’origine. Il nous prépare également des plats plus élaborés comme des légumes panés ou des omelettes participatives. Un appareil à omelette est disposé au centre de la table, et tout le monde garni sa part des ingrédients de son choix.
En bref les repas sont très équilibrés, et c’est probablement une des raison qui explique qu’Okinawa soit classé parmi les 5 Blue Zones au monde.
Déroule pour en savoir plus sur les Blue Zones
Les Blue Zones sont des régions où les habitants vivent significativement plus longtemps et en meilleur santé qu’ailleurs sur la planète. On y retrouve ainsi plus de centenaires actifs qu’ailleurs. Identifiées par le chercheur Dan Buettner, elles se situent en Sardaigne (Italie), à Ikaria (Grèce), à Okinawa (Japon), dans la péninsule de Nicoya (Costa Rica) et à Loma Linda (Californie, États-Unis).
Ces zones partagent plusieurs caractéristiques clés :
Sens de la vie : Un fort sentiment de but et de signification est présent.
Alimentation : Riche en plantes, avec une forte consommation de fruits, légumes, légumineuses et grains entiers.
Activité physique : L’exercice est intégré dans la vie quotidienne, souvent sous forme de jardinage ou de marche.
Liens sociaux : Des relations intergénérationnelles solides et des communautés soudées favorisent le bien-être.
Gestion du stress : Des pratiques comme la méditation et des rituels quotidiens aident à réduire le stress.
Ce concept ne fait pas toujours l’unanimité au sein de la communauté scientifique, qui réclame des études plus précises.
Je ne sais pas si c’est un facteur de longévité additionnel, mais en plus des légumes, du riz et des œufs, le fermier d’Ohama produit une autre denrée lui-même : le sel.
Pour cela, il suit un rituel étonnement mystique : lors des nuits ou la lune est particulière (pleine lune, nouvelle lune,…) il plonge tout nu dans la mer pour remplir une grosse jarre d’eau salée.
Apparemment, ce rituel est normalement réservé aux femmes sous peine de fâcher la déesse locale. Il semblerait cependant qu’il ait reçu une autorisation divine spéciale.
Toujours est-il qu’après évaporation, le sel ainsi obtenu est riche en goût. D’après le fermier, c’est grâce à l’énergie de la lune et de la déesse. Libre à chacun d’y croire, mais j’ai vraiment apprécié découvrir cette facette de son quotidien.
En-dehors des repas à la ferme, le week-end en particulier, il est plaisant de découvrir les différents restaurants de l’île. Ces derniers sont souvent de taille modeste, d’une dizaine de couverts maximums. Ils sont fréquemment tenus en famille, par exemple par un mari en cuisine et sa femme au service.
On y déguste des plats classiques de la cuisine japonaise (Ramens, tofu épicé, nouilles sautées,…) mais on peut également trouver sur l’île des plats plus locaux.
Non loin de la plage d’Ida, j’ai par exemple pu goûter aux soki-sobas. Il s’agit d’un bol de soupe de nouille, accompagné de côtes de porc. Les nouilles sont faites avec de la farine de blé au lieu de la traditionnelle farine de sarrasin, et les côtes de porc sont mijotées dans une sauce sucrée-salée qui donne au plat une saveur unique.

On trouve également dans la région une algue appelée ‘raisin de mer’, car c’est exactement ce à quoi elle ressemble.
J’ai pu en trouver naturellement sur les fonds marins de l’île. Après les avoir ramassés, on les rince légèrement avec de l’eau salée avant de les manger crues. Le goût est iodé, légèrement poivré. Les « bulles » formées par les algues éclatent dans la bouche, c’est assez addictif !
Bientôt la fin de mon séjour à Iriomote-Jima
Mon séjour à la ferme touche à sa fin. J’ai beaucoup appris sur l’île et son histoire, et j’ai fait de magnifiques rencontres.
Pour cela, le woofing, c’est vraiment génial, dans un pays où se faire des amis est peut-être plus difficile qu’en France.
Lors des 4 prochaines semaines, je vais continuer à voyager dans les îles d’Okinawa. J’ai encore beaucoup de choses à y découvrir. J’ai notamment prévu de passer mon niveau 1 de plongée sous-marine, j’ai très hâte !
Pour le mois qui arrive, malgré mon rythme un peu plus nomade que précédemment, je vais faire de mon mieux pour garder un rythme hebdomadaire dans la parution des articles.
Merci d’avoir lu, rendez-vous au prochain article !
またね
Antoine