Salut tout le monde, et bienvenue dans ce nouvel article consacré à l’ultime partie du voyage : l’exploration du nord du Japon. He oui, exit le barbotage en eau tropicale et les jus de pastèque glacés sirotés au bord de la piscine ! Je reprends plutôt le shinkansen pour découvrir une région trop souvent délaissée par les touristes : le Tohoku, à savoir le tiers supérieur de l’île principale nippone.
Cette gigantesque zone géographique recèle de nombreux trésors. Entre paysages uniques, culture et festivals iconiques : je vous y emmène prendre un bol d’air (relativement) frais.
Passage express par Tokyo, et ruses pour échapper à la chaleur
En revenant de Bali et son air marin vivifiant, je me retrouve instantanément propulsé dans la fournaise moite de la capitale. Pas de panique, il existe plusieurs astuces pour garder les idées au frais. Voici mes secrets.
Premièrement, manger froid le midi. Les japonais adorent profiter de plats frais en été, et n’hésitent pas à adapter leurs recettes iconiques dans leur version estivale. Ainsi, j’ai pu me régaler de délicieux udons froids, accompagnés de légumes, et œufs de poisson épicés. Typiquement un plat que je referai en France !

En dessert, l’indétrônable kakigori, ici dans une version de luxe avec sa glace et son coulis de sésame noir.


Pour les balades, je vous invite à vous renseigner sur les animations locales qui visent à contrer la chaleur. Exemple ici dans le quartier de Roppongi. Au sein d’un écrin de verdure, une petite rivière artificielle permet de se refroidir les orteils, tandis qu’une légère brume fait baisser le thermomètre de quelques degrés.


On termine ce Tokyo-express par la visite du parc et son plan d’eau. Ce dernier offre de jolis points de vue, et un peu de verdure et de fraîcheur bienvenues.




Premier arrêt du Tohoku : Sendai, l’ermite sur sa montagne
Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’ermite ? C’est la traduction littérale du nom de la ville. Le seigneur féodal de l’époque a en effet souhaité que son château prospère « aussi longtemps qu’une montagne habitée par un ermite immortel ». Ainsi Sendai s’écrit 仙台, avec les caractères de l’ermite et de la place-forte. Ça en jette !
La ville est par ailleurs la plus grande de tout le Tohoku, avec environ 1 million d’habitants. Malgré sa réputation de ville très industrielle et « sérieuse », Sendai a beaucoup à offrir à ceux qui s’y arrêtent un moment.
Pour ma part, j’ai commencé par déguster la spécialité locale : la langue de bœuf. Rien à voir avec la façon dont on la cuisine en France ! Ici, cette dernière est découpée puis grillée sur la braise pour en révéler les saveurs. Un vrai mets de choix à essayer absolument.



Par ailleurs, le nord du Japon a la réputation, méritée, d’avoir les meilleurs poissons et fruits de mer de l’archipel. En effet, les eaux plus froides de la mer du Japon sont propices à la pêche, et à la prolifération de délicieuses espèces. Sériole, dorade, crevettes mais aussi oursins et palourdes arctiques sont des mets dont la saveur est décuplée dans la région. Les étals des marchés sont toujours un bel indicateur des richesses marines que la ville a à offrir.



Une fois le repas englouti, j’ai profité du thermomètre clément pour explorer les lieux plus méconnus de la ville. À commencer par le très joli parc du temple Rinnoji. Un peu excentré, il offre cependant des espaces magnifiques, entre délicats nénuphars, et pagode majestueuse. Le tout dans un cadre d’une sérénité impressionnante !






Ma promenade aura été rythmée par la mélopée lancinante des cigales, qui s’en donnent à coeur joie pendant les mois chauds.
Déroule pour en savoir plus sur les cigales : la voix de l’été au Japon
Au Japon, l’été ne se conçoit pas sans le chant des cigales (semi 蝉), véritables emblèmes sonores de la saison. En effet, chaque espèce possède un timbre distinct que les Japonais, habitués dès l’enfance, savent reconnaître instantanément.
- Min-min zemi (ミンミンゼミ) : son chant aigu et clair, rythmé par des “min-min”, est l’un des plus typiques de l’été.
- Abura zemi (アブラゼミ) : très répandue dans les villes, elle produit un vrombissement continu et dense, rappelant l’huile qui crépite dans une poêle.
- Higurashi (ヒグラシ) : active au lever et au coucher du soleil, elle émet un chant mélancolique et cristallin (“kanakana”), associé à la nostalgie et aux fins de journée estivales.
- Tsukutsukubōshi (ツクツクボウシ) : son cri répétitif, accélérant comme une phrase chantée, annonce la fin de l’été.
- Kumazemi (クマゼミ) : plus présente dans l’ouest du Japon, elle se distingue par un bourdonnement puissant et grave, presque assourdissant.
Ces insectes, qui ne vivent que quelques semaines hors de terre après plusieurs années de vie souterraine, symbolisent la fragilité de l’existence et la beauté éphémère. Leur chant, souvent repris dans la littérature, la poésie (haïku) ou le cinéma, sert de toile de fond sonore à la mémoire collective japonaise.
Akita et son incroyable festival Kanto Matsuri
Depuis Sendai, un aller-simple à plus de 300 km/h en shinkansen m’emmène à Akita, la plus grande ville de la préfecture à laquelle elle donne le nom.
La ville est connue au Japon pour abriter les plus belles femmes du pays, les bijins d’Akita. Le faible ensoleillement favorise en effet une peau blanche, associée à la beauté chez les japonaises.
C’est cependant une tout autre raison qui m’amène dans cette métropole : le festival kantō matsuri s’y tient pendant mon séjour ! Chaque année, du 3 au 6 août, se tient cet événement inscrit au patrimoine culturel japonais. Il s’agit également d’un des 3 plus grands festivals du Tohoku.
Le principe est le suivant : pour chasser le malheur et espérer de bonnes récoltes, des porteurs soulèvent de longues perches décorées de lanternes. Ils se livrent alors à différents exercices de jonglage avec ces dernières, au son des flûtes, des tambours, et des acclamations du public.
Facile ? Alors voici une précision : les perches font 12m, 50 kilos et sont chacune affublées de 48 lanternes enflammées.




Les jongleurs de perche m’ont bluffé par leur habileté ! Ils la démontrent via 5 grandes passes qui relèvent presque de la magie à mes yeux.
- agashi (remise) : reprendre la perche d’un autre jongleur et le porter en rompant le poignet
- hiraté (paume) : porter le kantō sur sa paume et le soulever à bout de bras ;
- hitai (front) : la perche repose uniquement sur le front du porteur et ce dernier la maintient en équilibre
- kata (épaules) : la perche repose sur les épaules du jongleur ;
- koshi (reins) : la perche est posée sur les reins, et le jongleur la maintient en cambrant le dos. Il s’agit de la technique la plus difficile parmi les 5
Saurez-vous retrouver sur ces photos les 5 grandes techniques ci-dessus ?

















Faire le show en agitant un éventail tout en équilibrant une perche de 12m ? Un peu d’humilité monsieur s’il vous plaît…

Hirosaki et son envoûtant Neputa Matsuri
À première vue, la ville d’Hirosaki, coincée entre ses grandes sœurs Akita et Aomori, n’a rien de spectaculaire. Elle comporte cependant quelques beaux atouts qui en font un arrêt sympathique en remontant vers le nord.
En premier lieu, son château, fait partie des 12 châteaux japonais authentique. Autrement dit, depuis sa construction en 1810, il a été conservé tel quel. Une particularité rarissime pour les châteaux japonais, qui ont été pour la vaste majorité reconstruits.

La ville est également connue pour être la plus grosse productrice de pomme de la région. En arrivant à la gare, c’est une gigantesque pomme qui m’a accueilli pour symboliser cette fierté.
Je m’y suis toutefois arrêté pour profiter d’un événement beaucoup plus saisonnier : le Neputa Matsuri.
En japonais, Neputa signifie « éventail », et ce sont ainsi de gigantesques structures de papier illuminées qui parcourent la rue principale, devant les yeux émerveillés des habitants.





Les Neputa sont de taille et de formes variées : rapides ou lents, ramassés ou au contraire gigantesques. Ils partagent cependant un point commun : l’image représentée sur la face avant dépeint une scène frappante, souvent violente, de guerre ou de fait d’armes. A l’inverse, la face arrière dévoile une image raffinée et élégante, pour équilibrer le récit.
Le festival de Neputa le plus connu est en fait celui d’Aomori, mais je suis extrêmement heureux d’avoir assisté à celui d’Hirosaki. Il est, en effet, beaucoup plus local, et ce sont exclusivement les citoyens qui l’organisent, et y participent. On peut ainsi profiter d’une belle ambiance ou tout le monde acclame le défilé de ses amis ou de ses connaissances.




En plus des neputas, le défilé fait la part belle aux taïkos, ces grands tambours japonais. Dans ce cas précis, les stars sont les Ōdaiko, de gigantesques tambours dont le plus imposant avoisine les deux tonnes. Leur peau, façonnée à partir d’une vache entière, résonne avec une puissance telle que chaque frappe se fait sentir jusque dans la poitrine.
C’est en partie grâce à ces instruments que le festival figue parmi les 100 paysages sonores du japon, un classement à l’initiative du ministère de l’environnement japonais pour lutter contre la pollution sonore.




Arrivée à Otaru pour deux semaines de volontariat
Que d’émotions ! Vraiment, quelle chance d’avoir pu assister à ces deux événements exceptionnels, chargés d’histoire et de sens pour les japonais.
Cela m’a bien sûr donné envie de découvrir d’autres festivals iconiques du Tohoku, comme le Nepta Matsuri d’Aomori, mais surtout de revenir explorer cette belle région nordique. Il est évident qu’elle regorge de secrets et de lieux superbes, et si le manque de temps m’a empêché d’y rester quelques semaines de plus, j’inscris dès maintenant ce séjour dans ma bucket-list.
Pour l’heure, j’arrive dans la dernière région qui me restait à explorer : Hokkaido ! Cette gigantesque à l’extrême nord du Japon constitue un trésor pour les amoureux de la nature et de la gastronomie. Et j’ai bien l’intention d’en tirer le meilleur !
C’est donc à Otaru, 30 minutes en train à l’ouest de Sapporo, que je pose mes valises pour environ 2 semaines. Dans une auberge de jeunesse sur le thème de la bière, baptisée « Otaru Tap Room », je mets mes talents d’homme à tout faire au service de mes hôtes, contre un lit et un salaire de 3€ par jour.

Je dédierai à Otaru un peu plus de lignes dans le prochain article, mais en un mot, il s’agit d’une mignonne ville portuaire, connue pour son charmant canal et son architecture atypique, qu’on pourrait rapprocher de celle d’une ville européenne. Allez, quelques photos en apéritif !



Vers la dernière étape
Hokkaido, c’est tout un symbole pour moi. C’est le point le plus au nord de mon voyage, après un an à remonter graduellement. C’est également la dernière étape avant de rentrer à Tokyo !
En attendant de parler de la fin du voyage plus en détail, il me reste une étape des plus amusante : un road-trip dans toute la partie est de l’île !
Entre ascensions de montagnes, lacs, géothermie, faune unique… il y a de quoi en prendre plein les yeux.
D’ici là, portez-vous bien, et célébrez comme il se doit la fin du mois d’août.
またね
Antoine