On y croyait plus ! Après 4 avions, un bateau, et quasi une semaine de voyage, me voici enfin arrivé à Iriomote-Jima !
En effet, j’ai posé le pied sur l’île le 9 octobre à 17h, mon sac sur le dos et ma valise à la main, pour un mois de WOOFING dans une ferme locale.
Ça ne surprendra personne, mais j’avais bien hâte d’arriver… Déjà parce qu’être en itinérance constante, c’est assez usant, et ensuite parce que jusqu’alors je n’avais pas du tout réellement profité de mon voyage.
Alors maintenant que j’ai posé ma valise, déballé mes affaires, et étendu mon futon, je vous propose de découvrir dans cet article le récit de mes premiers jours à la ferme à Iriomote-Jima.
Un petit point culture sur l’île d’Iriomote
L’île d’Iriomote, ou Iriomote-Jima (Shima signifie « Île » en japonais) fait partie de l’archipel des îles Yaeyama. Cet archipel est situé à l’extrême Sud du pays, non loin de Taiwan.
Au sein de cet archipel, l’île d’Iriomote est la plus étendue, avec sa surface de 289km2. Si vous avez bien suivi mon article précédent, on ne peut y accéder qu’en bateau depuis l’île voisine d’Ishigaki.
Une seule route parcourt l’île. Cette dernière longe le littoral Est jusqu’à la moitié de la circonférence. Le reste de l’île est inaccessible, et reste très sauvage.

Étant donné que l’île est situé très au Sud, le climat y est tropical. Elle est entourée d’une barrière de corail propice aux activités sous-marines. En outre, elle est majoritairement recouverte d’une dense mangrove, dont certaines portions sont accessibles en canoë.
L’île est très peu peuplée, avec seulement 2000 habitants. Cependant, elle est bien connue des Japonais, qui viennent profiter de ses plages paradisiaques en période de vacances. En dehors des mois touristiques, l’îlot est d’un calme impressionnant et il est fréquent de pouvoir profiter des plages seul.


Un archipel chargé d’histoire
Historiquement, les îles Yaeyama n’ont pas toujours été japonaises. Jusqu’à leur annexion en 1879, cet archipel était sous contrôle chinois. Les tensions y sont d’ailleurs toujours vives, la Chine souhaitant récupérer ce territoire. Récemment, plusieurs navires militaires chinois ont ainsi pénétré les eaux territoriales de l’archipel.
Les îles abritent également de nombreuses bases militaires américaines, depuis la Seconde Guerre Mondiale. Les japonais rejettent par ailleurs de plus en plus la présence des états-unis sur ce territoire.
De par son histoire et son climat uniques, les îles Yaeyama ont développé une culture unique au Japon. On y trouve des traditions anciennes, une langue locale, et gastronomie typique.
En outre, l’île d’Iriomote est connue pour abriter une espèce animale endémique, unique au monde : le chat d’Iriomote (Iriomote Yamaneko, littéralement Chat des Montagnes D’Iriomote). Ce petit mammifère nocturne très difficile à observer, fait désormais partie des trésors nationaux du Japon, et est protégé sur l’île. On y trouve d’ailleurs de nombreux panneaux de signalisation pour inciter les automobilistes à ralentir aux endroits où le chat a été aperçu.

Premier jour mouvementé à la ferme Ohama
Revenons-en à notre périple !
Après être descendu du bateau, je demande dans mon meilleur japonais au chauffeur de bus de me déposer devant la ferme Ohama.
Une heure plus tard, le bus s’arrête et m’indique que c’est le bon arrêt. Il fait nuit noire, je débarque ma valise et je m’avance vers la ferme. Je réalise alors qu’une autre personne est descendue avec moi. Il s’agit de Kousuke, un jeune Japonais de 29 ans. Nous comprenons que nous allons tous les deux travailler dans la ferme Ohama.
À peine arrivé devant la ferme, un homme d’une cinquantaine d’année sort du bâtiment. S’en suit alors un dialogue incompréhensible entre Kousuke et le vieux fermier, duquel je n’ai pas saisi un traître mot, à part « supermarché ». Le fermier nous montre deux vélos. Il nous montre aussi la route de laquelle nous venons d’arriver. Kousuke me fait signe de le suivre, je suis complètement largué donc je m’exécute. J’apprendrai plus tard que le vieux fermier parle un patois local d’Okinawa, et que même les japonais peinent à le comprendre. Ça commence bien !
Nous voici donc à rebrousser chemin à pied le long de la route, en laissant les vélos derrière nous. Le mystère s’épaissit. Mon japonais est pour le moment assez limité, mais je comprends en discutant avec Kousuke que ce soir, nous allons dormir dans un autre endroit, à 30min de marche à pied, dans une auberge à proximité d’un supermarché.
Arrivée dans l’auberge de l’angoisse
Arrivé à l’auberge, nous rencontrons deux personnes visiblement assez éméchées. Il s’agit de résidents de long termes chargés de la maintenance de l’auberge. Ces dernières nous invitent à nous asseoir à leur côté, et sortent un instrument local d’Okinawa, le Sanshin. Je ne veux pas juger trop durement leur qualité de musicien, mais ce n’était pas terrible.
Après avoir tenté de déchiffrer sans succès les discussions, je rejoins la chambre qui m’est attribuée. Il s’agit d’une chambre traditionnelle japonaises, avec un futon, un grand placard, et des tatamis au sol.

Je déroule mon futon, je m’allonge dessus, et je me demande ce qui est en train de se passer… Pourquoi ne dormons-nous pas à la ferme ? À quoi servent ces mystérieux vélos ? A quelle heure dois-je me lever demain ? Comment vais-je faire pour comprendre le bagou du fermier ?
Sans réponse à ces questions, je conclus cette première soirée à Iriomote. Ambiance !
Tout rentre dans l’ordre : la ferme Ohama et les volontaires
Le lendemain matin vers 7h, nous réitérons notre marche à pied vers la ferme. De jour, le paysage est beaucoup plus accueillant !
La ferme est située sur la partie Ouest de l’île, beaucoup moins habitée. Elle est face à la mer à l’Ouest, et adossée aux montagnes à l’Est.

En arrivant, nous sommes accueillis avec un délicieux petit-déjeuner : Riz, légumes verts sautés, œufs au plat, et sardine grillée. Je rencontre à ce moment-là deux volontaires supplémentaires, logés sur place. L’une d’entre eux est une prof d’anglais retraitée. Lucky me ! Elle m’explique alors les règles générales de la ferme.
Tous les jours, nous nous retrouvons à 8h pour le petit-déjeuner, puis à 8h50 nous avons une petite réunion tous ensemble pour annoncer les travaux du jour.
Le travail s’ensuit alors jusqu’à midi, heure du déjeuner. Reprise à 13h, jusqu’à 16h. Entre 16h et 18h, nous avons du temps de libre, puis nous dinons tous ensemble à 18h.
C’est une semaine de travail classique, les week-ends sont libres !
On est pas sortis de l’auberge
C’est lors de ce premier jour qu’on m’a expliqué que nous allions en fait dormir tous les soirs dans l’auberge. Nous pouvons utiliser les vélos pour faire le déplacement.
La seule raison pour laquelle nous n’avons pas pu les utiliser le premier soir est que nous avions nos bagages avec nous !
De plus, le fermier aurait du nous emmener directement en voiture à l’auberge, mais comme il avait picolé ce soir-là, nous avons dû marcher.
Tout s’éclaire, et je me dis à ce moment-là que finalement tout va peut-être bien se passer.
La ferme s’appuie surtout sur la riziculture, de nombreuses rizières s’étendent à proximité. Un élevage de poules permet également de vendre des œufs.
Enfin, des serres et quelques parcelles sont dédiées au maraîchage, mais en novembre ce n’est apparemment pas la saison malgré la chaleur constante.

Ma première semaine à la ferme à Iriomote : escargots et libellules
Lors de cette première semaine, j’ai tranquillement pris mes marques au quotidien. La communication avec le fermier s’avère difficile, mais grâce à la présence des autres volontaires qui font l’effort de parler lentement et simplement, je comprends les instructions.
Les premières missions qui nous ont été confiées consistaient à retirer des escargots nuisibles des rizières, grâce à un outil fait sur mesure. Une activité assez relaxante, si on oublie la chaleur constante.

Pour le reste, il s’agit de travail de ferme assez classique : désherbage, travail des sols, nourrir les poules…
Tous les volontaires sont extrêmement sympathiques, enjoués, et curieux. J’ai un grand plaisir à essayer de discuter avec eux.
Rizière ou libellule ?
De manière générale, je dirai que je comprends environ 30-40% de la teneur conversations qui se tiennent lorsque les Japonais discutent entre eux.
Pour ce qui y est d’y participer, c’est autre chose… Je me cantonne aux phrases basiques et au vocabulaire simple.
C’est parfois un peu décourageant de ne pas pouvoir exprimer de pensées un peu plus complexes, ou de poser des questions plus précises. De plus, la langue japonais fonctionne par syllabe. Contrairement au français, ou une erreur de prononciation n’aura pas trop d’impact sur la compréhension générale de la phrase, en japonais cela peut complètement changer la logique.
Par exemple, lors d’une session de désherbage dans une rizière qui n’en finissait plus, j’ai voulu plaisanter avec une volontaire en lui disant que la rizière (Tanbo en japonais) était d’une longueur interminable. Problème : j’ai par erreur prononcé ‘Tonbo’, qui signifie « libellule ». S’en est suivi alors une discussion lunaire ou la personne a tenté d’imiter une très grande libellule pour illustrer son propos…
Bref pas évident ! Cependant, quand ce genre de situation se présente, je me dis que malgré les difficultés, au moins j’arrive à échanger dans une autre langue avec une personne à l’autre bout de la planète. Et ça, c’est quand même chouette ! Et puis se faire appeler Anto-chan au quotidien, ça n’a pas de prix.
Vivement le week-end !
Au final, entre la fin des horaires de travail et le diner, le temps libre est vite passé !
Les volontaires peuvent aller promener le chien de la ferme à tour de rôle, mais ces deux heures laissent assez peu de temps pour faire autre chose, d’autant que la nuit tombe vite.
Ainsi, à part une petite ballade canine ou un plongeon dans la mer express, c’est surtout le weekend que j’ai pu profiter de la beauté de l’île.
Entre plages paradisiaques, snorkeling, cuisine locale et mangroves, ma check-list est bien remplie. Mais tout cela, je le réserve pour le prochain article, car il y a beaucoup à dire !
J’espère que ce récit de mes premiers jours à la ferme vous aura plu ! À bientôt pour le prochain carnet de voyage !
D’ici là je retourne ramasser mes escargots.
またね
Antoine