Salut tout le monde ! Après une parenthèse vietnamienne de 3 semaines, me voici de retour au Japon, en principe pour de bon.
Pour l’occasion, j’ai prévu d’explorer une région trop méconnue et généralement assez boudée par les touristes : l’île de Shikoku. J’ai commencé par poser mes valises dans la ville de Takamatsu pour environ une semaine.
En effet, pour des raisons pratiques, cette ville me permettait de rejoindre mon prochain volontariat facilement en train. Objectif de la semaine : recharger les batteries, purger mes oreilles des bruits incessants des scooters, et bien entendu découvrir les lieux célèbres, ou cachés, de cette ville côtière.
Vous êtes prêts ? C’est parti !
Takamatsu : une ville côtière (presque) banale
Shikoku est une des 4 grandes îles du Japon avec Honshū, Hokkaidō et Kyūshū. C’est d’ailleurs la plus petite des 4. Cependant, l’île de Shikoku est avant tout connue au Japon pour un grand pèlerinage circulaire, le pèlerinage des 88 temples (ou Henro pour les intimes). Ce circuit de 1200 km, dédié au moine Kūkai, attire chaque année des milliers de pèlerins en quête de spiritualité, ou de dépassement de soi.
Traditionnellement, les pèlerins (appelés o-henro-san) portent une tenue blanche, un chapeau conique et un bâton de marche sacré. Toutefois, aujourd’hui, on croise aussi des randonneurs en trail runners dernier cri, prouvant que l’illumination est compatible avec les technologies modernes.
Si parcourir l’intégralité du pèlerinage à pied prend entre 40 et 60 jours, beaucoup optent pour des tronçons plus courts. Par ailleurs, le pèlerinage se termine normalement au 88e temple. Beaucoup choisissent cependant de le finir en rejoignant le haut-lieu sacré dédié au moine Kūkai : Koya-san ! Et oui, vous l’aviez chez-vous si vous avez bien suivi l’article sur Osaka.

Revenons en à Takamatsu. Il s’agit d’une ville portuaire située au Nord de Shikoku. Elle est globalement bien reliée aux autres îles de l’archipel, via le bateau, par avion, mais aussi par la terre grâce à de grands ponts. J’ai pu ainsi facilement rejoindre mon auberge en bus depuis Osaka en à peine 4h.

L’auberge était ma foi, tout à fait agréable ! Déjà parce qu’elle était presque neuve, mais aussi car le petit-déjeuner inclus m’a permis de manger la spécialité de la région tous les matins (plus de détails sur la gastronomie locale plus loin dans l’article, teasing teasing).
Par contre, une fois n’est pas coutume, il me faut râler. Je vous propose une plainte sous forme de poème, parce qu’après tout pourquoi pas.
La première nuit, malgré une place en petit dortoir de 3 personnes, je n’ai pas dormi une minute à cause des ronflements titanesques de mon voisin du dessus.
A tous les ronfleurs qui me lisent : si vous savez que vous ronflez, POURQUOI, Pourquoi, Ô insondable mystère, persistez-vous à élire domicile dans les dortoirs communs ? Est-ce une épreuve imposée aux âmes patientes ? Une malédiction jetée sur les voyageurs en quête de repos ?
N’est-ce point le comble de l’égoïsme ? N’avez-vous cure de la qualité de sommeil de vos congénères ? Le bien être collectif ne vaut-il pas les quelques yens dépensés en chambre individuelle ?
Ô ronfleurs impénitents, je vous implore : laissez les âmes fatiguées voguer paisiblement vers le repos, sans craindre que le fracas de votre souffle ne les en arrache sans pitié.
En ce qui me concerne, je pense que les ronfleurs devraient être identifiés d’office et mis dans des chambres à part. Des chambres 100% ronfleurs. Oui, c’est drastique, oui, je défendrai cette cause toute ma vie. Si vous avez été victime de ronflements et que vous souhaitez témoigner, ou partager votre opinion, n’hésitez pas à le faire en commentaire (l’espace commentaire n’existe pas, détendez-vous).
BREF !
Un autre avantage de cette auberge, est qu’elle est située juste à côté d’un des meilleurs points d’intérêts de Takamatsu : le parc Ritsurin.
Le parc Ritsurin Kohen, un des plus beaux parcs du pays
Créé au début du 17ᵉ siècle par les seigneurs féodaux de la région, le parc Ritsurin a d’abord servi de jardin privé aux seigneurs du domaine de Takamatsu. Ce n’est qu’en 1875 qu’il s’ouvre au public.
Ce jardin magnifique invite à la contemplation avec ses six étangs et ses treize collines artificielles. De plus ses sentiers sinueux révélant sans cesse de nouveaux points de vue. Chaque saison y offre un spectacle unique, des érables rougeoyants de l’automne aux pruniers en fleurs du printemps.
Classé « lieu de beauté exceptionnelle », c’est sans doute l’un des plus beaux jardins du Japon, et une halte incontournable pour qui passe à Takamatsu.
Lors de ma première visite du parc, je suis vraiment tombé sous le charme des allées sans cesse changeantes et de la beauté unique des paysages.


Malheureusement, j’y suis arrivé un peu tard, et le soleil s’est assez rapidement caché derrière les montagnes. Cependant, le parc m’a tellement plu que j’ai décidé d’y retourner à la première heure du lendemain. J’ai ainsi profité du lever de soleil et de la brume matinale sur les étendues d’eau. Un spectacle superbe et émouvant, que je vous recommande chaudement. Voyez plutôt :


Le château de Takamatsu, ou plutôt ce qu’il en reste
Takamatsu comporte également, comme de nombreuses villes japonaises, un château qui servait de résidence au seigneur local. Celui-ci n’a pas résisté à l’épreuve du temps, et ne restent aujourd’hui que les ruines, les douves et un jardin. Malgré tout, la visite y est très agréable !
J’y ai particulièrement apprécié les pruniers en fleur, qui précèdent les célébrissimes sakura.

Il est également possible de profiter d’une balade en bateau traditionnel dans les douves, et j’ai trouvé le contraste entre l’horizon urbanisé et la nature authentique du parc assez saisissant.

D’ailleurs, la particularité de ces douves, est qu’elles sont en réalité remplies d’eau de mer. Une écluse contrôle le flux, et leur niveau varie donc en fonction des marées. Par conséquent, les poissons de mer utilisent aussi ces eaux calmes pour se reproduire, ce qui en fait un lieu de biodiversité assez unique.
Tournée des sanctuaires : le célèbre et l’outsider
Après avoir exploré les ruines du château de Takamatsu, j’ai dédié une journée à la visite de deux sanctuaires. Premièrement, le sanctuaire Hōnenji est une recomandation habituelle dans la région. Il s’agit du temple familial du clan Matsudaira, anciens seigneurs féodaux de la région.
L’une des caractéristiques les plus remarquables du temple est la présence de la statue du Bouddha couché, également connue sous le nom de « Nehan ». Cette statue représente le Bouddha dans sa position finale avant d’atteindre le nirvana, symbolisant la paix ultime et la libération.

Le temple abrite également une pagode à cinq étages, érigée en l’honneur des anciens seigneurs du domaine de Takamatsu.

Le temple comporte également un long escalier qui permet, en arrivant au sommet, de profiter d’une belle vue sur la ville, et ses lacs.


J’ai ensuite pris le temps d’explorer un sanctuaire que le cuisinier de l’auberge m’a recommandé (toujours écouter les cuisiniers). Alerte : lieu sous-côté !
Situé dans le quartier d’Ichinomiya, le sanctuaire Tamura permet de vénérer plusieurs divinités shintoïste. Il comporte une atmosphère unique, et il est réputé pour sa connexion à l’eau, symbole de purification.

Une des particularités du sanctuaire est la présence des douze animaux du zodiaque chinois, chacun représentant une personnalité et une destinée. Ces statues attirent les visiteurs, qui viennent prier en fonction de leur signe astrologique.

Au centre, un imposant dragon de métal symbolise la force, la protection et la prospérité, renforçant l’énergie mystique du lieu.

Konpira san et ses marches par millier
L’une des expériences les plus marquantes de mon séjour à Takamatsu a été l’ascension du Konpira-san, également connu sous le nom de Kotohira-gū. Ce sanctuaire, perché sur le mont Zōzu, est dédié au dieu des marins et des pêcheurs. L’ascension des 1 368 marches menant au sanctuaire principal est un véritable pèlerinage, offrant des vues panoramiques sur la région et une immersion dans une nature sereine qui nous plonge dans le passé.


En arrivant au sommet, on est récompensé par une belle vue sur les environs. Mais comme le dit si bien l’adage, l’important n’est pas la destination, mais bien le voyage.

En chemin, j’ai croisé des boutiques traditionnelles vendant des souvenirs et des encas locaux, et surtout LA spécialité culinaire de la région : les nouilles udon. En particulier les sanuki udon.
Cette variété de nouilles épaisses et élastiques, typique de la préfecture de Kagawa, est réputée pour sa texture ferme et son bouillon léger mais savoureux. Dans la région, on peut généralement les déguster en self-service : on choisit ses nouilles, son bouillon et ses accompagnements, comme du tempura croustillant ou un œuf mollet. Tout ça pour un prix dérisoire (5€ maximum…)
Mon coup de cœur ? Un simple bol de kake udon : servi chaud avec une touche d’oignon vert et une larme de sauce soja. Une simplicité qui cache une véritable maîtrise culinaire. À tester absolument !

Une journée sous le signe de l’art à Naoshima
Enfin, je ne pouvais pas quitter la région sans visiter Naoshima, souvent surnommée « l’île de l’art ». Accessible en ferry depuis Takamatsu, cette petite île est mondialement reconnue pour ses musées d’art contemporain, ses œuvres en plein air et ses maisons-artistes.


Parmi les incontournables, le Benesse House Museum, qui combine musée et hébergement, offre de fait une expérience artistique immersive. Des bus sont à disposition, mais ma recommandation est de se promener tranquillement sur l’île, à pied ou à vélo. J’ai ainsi pu profiter sereinement des œuvres en plein air, en particulier les célèbres citrouilles de Kusama Yayoi.

Certaines oeuvres d’arts valent franchement le détour, comme le Valley Garden de Tadao Ando. Cet espace comporte un bâtiment à l’architecture unique et un étang, et est rempli de sphères en métal qui se déplacent librement au gré du vent.
On peut y deviner une réflexion sur le lien entre la nature et les hommes, ainsi que la représentation de l’unicité de la race humaine. Une belle découverte.

Conclusion
Cette semaine à Takamatsu et ses environs à été riche en découvertes culturelles, spirituelles et artistiques. Entre la tranquillité des sanctuaires, l’effervescence artistique de Naoshima et la beauté naturelle des paysages, j’ai apprécié chaque moment. Pour un retour au Japon, je ne pouvais pas espérer mieux que cette transition douce avant d’attaquer le prochain volontariat.
Pour la suite des événements, direction la cambrousse ! Je rejoins une petite ville centrale de Shikoku, pour deux semaines au sein d’une ferme de tomates. Quelles surprises agricoles m’attendent dans ce lieu ? Contrairement à mon précédent volontariat, la sauce (tomate) va-t-elle prendre ?
Rendez-vous au prochain article pour le découvrir.
またね
Antoine