Après un Noël sur les pistes de ski, j’ai pris la difficile décision de quitter Ibiza le 26 décembre. Je sentais en effet qu’il était temps pour moi de passer à la prochaine étape. J’avais par ailleurs envie d’aller vivre le nouvel an dans un autre cadre, dans une zone un peu plus peuplée.
Mon prochain volontariat d’un mois ne commençant que le 4 janvier, j’avais donc presque 9 jours à remplir.
Comme j’avais très envie de visiter les villes de Yufuin & de Beppu, j’ai contacté une petite auberge à Yufuin pour savoir si je pouvais les aider une semaine en échange du gîte et du couvert.
Ils ont accepté rapidement, étant donné qu’ils cherchaient de l’aide pour la période bien remplie du Nouvel An.
Me voici donc, le 26 décembre au soir, dans la ville de Yufuin, près à littéralement m’immerger dans cette nouvelle étape du voyage.
7 jours à Yufuin, la ville thermale la plus célèbre du Japon
Onsens & randonnées : les plaisirs simples de la ville
Rejoindre Yufuin ne m’a causé aucun problème particulier, c’était même étonnamment facile. Un train direct qui passe deux fois par jour m’a de fait transporté depuis Ukiha.
La première chose qui saute aux yeux lors de la sortie de la gare, c’est l’avenue rectiligne de la rue principale. Elle est surplombée par une magnifique montage : le mont Yufu.

Yufuin est une ville de taille modeste, reconnue dans tout le Japon pour son cadre, mais surtout pour ses onsens. La qualité de son eau thermale et la beauté de la nature environnante en font un paradis pour les couples. Ils s’y rendent pour profiter des nombreux hôtels et auberges de luxe. Ces derniers proposent souvent des onsens privatifs et une cuisine locale très prisée. La gastronomie, comme à Ibiza, se renouvelle en fonction des saisons.
Fort heureusement, nul besoin de réserver une ou plusieurs nuits très chères dans ces auberges pour profiter des sources chaudes. Il est tout à fait possible de s’y baigner en s’acquittant d’un petit droit d’entrée (entre 3 et 8 euros en fonction du standing du lieu).
Certains onsens sont tout bonnement magnifiques, avec une eau chargée en minéraux qui peuvent lui conférer une couleur ou des propriétés médicinales particulières.

Une des attractions les plus connues de la ville est le lac Kinrin. Ce dernier comporte des arrivées d’eau volcanique en son fond. La température de l’eau est donc plutôt tiède. Cela a pour conséquence de former beaucoup de brume lorsque l’air est très froid en hiver. Encore faut-il se lever à 6h du matin pour en profiter avant l’arrivée des touristes.
Ces derniers viennent de tout le Japon, mais aussi de Corée du Sud, très proche de Kyushu, pour se relaxer dans les auberges luxueuses.
D’ailleurs, le fait que le prix moyen de la nuit à Yufuin soit élevé a des conséquences inattendues. Les couples décident en effet d’en profiter un maximum, et les rues, bondées la journée, se retrouvent vides vers 17h. En conséquence, c’est à 17h précises que la plupart des magasins ferment leurs portes.

Autre typicité de la ville : la réglementation interdit les couleurs criardes sur les panneaux et les publicités. Même les mastodontes de la grande distribution doivent s’y conformer, à l’instar de ce Seven Eleven, qui a abandonné exceptionnellement ses couleurs vert et rouge.


Autre point d’intérêt et non des moindres : le mont Yufu lui même. Visible de n’importe où dans Yufuin du haut de ses 1583m, il est tout à fait possible d’en atteindre le sommet. Je l’ai escaladé avec plaisir, et malgré la neige glissante, j’ai pu profiter d’une très belle vue sur la région.
Les plus beaux paysages que j’ai pu observer à Yufuin sont néanmoins ceux qu’on peut trouver sur le versant sud-est du mont Yufu. De grandes collines herbeuses se parent de jaune-or en hiver lorsque les tiges sèchent. Malgré ce contraste saisissant avec le bleu du ciel, c’est en noir et blanc que j’ai décidé de capturer cette ambiance unique :
Enfin, pour conclure cette visite des environs, j’ai exploré un lieu très peu connu des touristes, voire des locaux. Il s’agit d’une petite balade dans la forêt en sortie de la ville. On y retrouve un sentier balisé par 88 statues de Bouddha, chacune accompagnée d’un enseignement bouddhiste.
A l’exception d’un gentil grand-père venu s’y recueillir lors de mon départ, j’ai pu profiter de cette ambiance mystique et apaisant au sein de la forêt.
Petite sélection de mes bouddhas préférés :
Fêter le nouvel an à Yufuin en toute tranquillité
Le nouvel an est une fête extrêmement importante au Japon. Synonyme de nouveau départ, tout y est extrêmement codifié. Loin de l’ambiance électrique des soirées européennes, le nouvel an au Japon se fête plutôt en famille. Les maisons et les rues sont décorées pour l’occasion. J’ai pu notamment repérer à Yufuin plusieurs Warabi-mochi, qu’on ne voit qu’à ce moment de l’année.

Le 31 au soir, j’ai pu profiter des premières activités bien au chaud dans mon auberge de jeunesse, dans la salle commune avec tous les voyageurs du moment (pas très jeunes paradoxalement).
Nous avons ensuite joué à une série de jeux, destinés à faire patienter tout le monde jusqu’au premier plat traditionnel du 31 : les sobas (nouilles de sarrasin) du nouvel an.
Avant minuit, nous avons rejoint les temples et sanctuaires de Yufuin. C’est en effet dans ces lieux que se déroulent la plupart des festivités.

Nous sommes tout d’abord aller sonner la cloche du temple, pour effacer les pensées impures de l’année 2024. Il faut normalement la sonner 108 fois, mais on y serait encore, donc une fois par personne suffit généralement.
A minuit, les tout le monde s’est souhaité la bonne année dans le froid de janvier : « Akemashite Omedeto » ! Prochain étape : l’autel du temple.

C’est à ce moment là que la plupart des japonais réalisent leur première prière de l’année (Hatsumode). Ils tirent ensuite une prédiction sous la forme d’un petit papier, qui indiquera si l’année 2025 sera chanceuse ou pas. Personnellement j’ai tiré le papier qui indique ‘grande chance’, donc je peux être tranquille (à priori).

Pour les plus courageux, il est possible d’escalader le sommet de la montagne la plus proche (ici le mont Yufu si vous avez bien suivi) dans la foulée. Cela permet de profiter du premier lever de soleil de l’année. De mon côté, il me fallait reprendre le travail à 6h de la matinée, j’ai donc passé mon tour (et puis bon, je l’avais aussi escaladée l’avant-veille…).
Le lendemain, pour célébrer le premier jour de l’année, un hôtel renommé a fait venir un groupe de Taïko pour une représentation. J’ai été époustouflé par l’énergie et le travail qui se dégageaient de la performance.

Déroule pour en savoir plus sur le Taïko : Le battement de cœur de la Culture Japonaise
Le Taïko est un tambour japonais qui occupe une place importante dans l’histoire et la culture du pays. Utilisé depuis des siècles, il servait autrefois à rythmer les cérémonies religieuses, accompagner les danses traditionnelles, et même à communiquer sur les champs de bataille.
Aujourd’hui, le Taïko est principalement associé à des performances artistiques et des festivals. Ces tambours, de tailles variées, produisent des sons puissants et profonds. Les joueurs de Taïko (appelés taïkoka) combinent percussions et mouvements précis pour créer des performances visuellement impressionnantes.
Des groupes célèbres contemporains contribuent à populariser cet art à l’échelle mondiale.
Devenir un joueur de Taïko de classe élevée nécessite plusieurs années de pratique rigoureuse, combinant compétences musicales, condition physique, et discipline artistique.
La clé pour atteindre un niveau élevé réside dans la régularité des entraînements, souvent plusieurs heures par jour, ainsi que dans l’apprentissage auprès de maîtres expérimentés. Le Taïko est autant une discipline artistique qu’un mode de vie, nécessitant un engagement profond.
C’est un élément fascinant du patrimoine japonais, offrant un aperçu unique des liens entre musique, rituel et communauté.
En somme, un nouvel an très différent de ce à quoi nous sommes habitués, où les pratiques semi-religieuses rythment les premiers moments de l’année, et où chaque action devient symbolique.
Un mot sur le volontariat, quand même…
Cette semaine dans l’auberge de jeunesse m’aura au final apporté une expérience assez singulière. Yufuin et sa nature m’ont énormément plu, mais le travail dans l’auberge…nettement moins.
L’auberge est tenue par un couple de japonais, très sympathiques au demeurant. Mon travail consistait à aider au service des repas (dressage des tables, vaisselle), et au nettoyage des chambres. Il s’agissait d’un travail extrêmement répétitif et peu stimulant.
Cependant le vrai point noir selon moi vient surtout du manque de connexion avec les hôtes, qui ne se rendent disponibles que 20 minutes par jour pour discuter. Le reste du temps, le travail et les repas se font seuls. J’ai vraiment eu le sentiment de travailler pour les hôtes, et non pas avec eux.
En résumé, une semaine, c’était bien plus qu’assez pour ce job. Grosse pensée au volontaire allemand qui a signé pour 1 mois. Nur Mutt mon gars !
La tournée des onsens à Beppu pendant 2 jours
Libéré de mes obligations dans l’auberge, et après un au revoir express (sans rancune), j’ai rejoint Beppu pour deux jours.
Beppu est une ville côtière, à une heure de train environ de Yufuin. Elle est reconnue dans tout le pays pour sa géothermie extraordinaire, qui entraîne la présence de sources d’eau chaude dans toute la ville.
Les plus connues sont surnommées Beppu no Jigoku, les « Enfers de Beppu« . Ces sources, qui jaillissent à ébullition, sont donc bien trop chaudes pour s’y baigner. En revanche, elles permettent de profiter d’un beau spectacle, puisque l’eau prend une couleur totalement différente en fonction de sa composition minéralogique.


En se baladant dans le centre, la géothermie de la ville saute littéralement aux yeux. L’eau bouillante qui jaillit des différentes sources s’écoule dans les caniveaux, et la vapeur qui en résulte donne aux rues une atmosphère mystérieuse et unique.

Le centre-ville de Beppu m’a également permis de profiter d’onsens de manière différente. Là où les onsens de Yufuin sont orientés vers le luxe, et donc assez chers (8 euros maximum la baignade) ; à Beppu on trouve pléthore d’onsens maintenus par des associations de quartier. On peut s’y baigner pour la modique somme de 100 yens (50 centimes), et on y croise les gentils petits papys du coin qui viennent s’y prélasser. L’occasion de se faire de bons amis dans différentes classes d’âge !

Si vous ne supportez pas de vous immerger totalement dans l’eau chaude, pas de panique ! Il existe dans la ville de nombreuses sources où on n’y trempe que les pieds. Cela permet de profiter d’un petit moment de détente entre deux ballades.


Enfin, pour ceux qui veulent bénéficier des bienfaits de l’eau thermale sans avoir à tremper quoi que ce soit, il est possible de boire l’eau chaude. Oui oui…
Cette dernière est extrêmement riche en minéraux, ce qui lui confère des propriétés intéressantes. Attention cependant à ne pas dépasser la dose recommandée : 60ml, soit un tiers de gobelet par jour !

Prochaine étape : reprendre de l’altitude !
J’ai adoré visiter ces deux villes thermales, qui portent en elles, via leurs nombreux onsens, une partie de la culture japonaise. Il existe de nombreuses autres villes thermales dans le pays, et j’ai déjà hâte de les explorer pour bénéficier des bienfaits de leurs eaux.
En attendant, j’attaque mon dernier volontariat à Kyushu ! Je vais offrir mes services à une famille dans un temple. Ce sera l’occasion de mieux comprendre cette facette du japon, et de découvrir encore un peu plus la région de Kyushu avant de remonter sur l’île principale du pays.
À bientôt pour un prochain article sous le signe de la piété shintoïste. Couvrez-vous bien !
またね
Antoine